PORT-AU-PRINCE, vendredi 23 septembre 2022– Analysant l’augmentation des prix des produits pétroliers sur le marché haïtien, le centre d’analyse et de recherche en droits humains (CARDH) note que ‘‘les indicateurs socio-économiques indiquent que la population haïtienne, notamment les couches vulnérables, est sous la dictature d’une pauvreté sans précédent.’’
Déjà en proie à une situation socio-économique exceptionnellement difficile, les haïtiens sont descendus par dizaine de milliers dans les rues ces derniers jours dans plus d’une dizaine de ville du pays pour protester contre la décision du gouvernement de fait d’augmenter les prix du carburant en Haiti.
« L’augmentation en neuf mois de 200/100 des prix des produits pétroliers laisse comprendre qu’elle va davantage s’enfoncer dans cette pauvreté. En tant qu’êtres humains ayant droit à la dignité, fondement des droits humains et des Nations-Unies, leurs revendications sont justes », déclaré le CARDH.
Cependant, le CARDH croit que ‘‘ces revendications populaires doivent être détachées des actions politiques et économiques visant à sombrer le pays dans le chaos.’’
L’organisation recommande d’accompagner durablement les familles les plus vulnérables, la classe moyenne et les petites et moyennes entreprises.
‘‘Il faut, entre autres, mettre en place des programmes d’emploi durable, ajuster le salaire minimum, subventionner directement les familles pauvres. Il faut renforcer la production nationale afin de réduire la dépendance alimentaire et le déséquilibre de la balance commerciale, qui sont des causes de la chute vertigineuse de la gourde par rapport au dollar’’, propose le CARDH.
Il appelle également au redressement des finances publiques. ‘‘Ce redressement passera notamment par l’audit du trésor public, les mesures contre la contrebande, la réduction des rubriques autres interventions dans le budget et le train de vie des gouvernants, l’achat de matériels essentiels au fonctionnement de l’État, la création des conditions pour la tenue du procès petrocaribe’’, selon le CARDH.
Le CARDH recommande le renforcement de la justice de la Justice et les mécanismes de contrôle en adaptant leur cadre juridique et en leur assurant une meilleure coordination entre eux.
‘‘Il faut un pôle financier et anticorruption à caractère national formé de juges spécialisés, compétents et sérieux disposant des moyens nécessaires pour mener à bien leur mission’’, soutient l’organisation.
Il souligne que la sécurité est la condition première à la création d’un environnement afin que la population puisse démocratiquement choisir ses représentants et rétablir les institutions régaliennes de l’État, mais aussi pour rétablir la circulation des biens et services sur le territoire national, ce qui contribuera à diminuer les coûts des produits de consommation.
Le CARDH recommande non seulement le renforcement de la police nationale, mais le déploiement d’une force externe d’accompagnement adaptée aux besoins de sécurité actuelle devrait être étudiée pour rétablir l’ordre, en attendant que la police puisse le garantir de manière effective et efficace sur tout le territoire.
L’organisation préconise la redéfinition des bases d’une nouvelle coopération axée sur les résultats. ‘’Le dysfonctionnement des principales institutions, la gangstérisation du pays et l’exacerbation de la criminalité, l’accélération de la pauvreté sont symptomatiques d’un échec partagé, soutient le CARDH.’’
Cette organisation des droits humains plaide également en faveur de la moralisation de la vie politique en Haïti, ajoutant que, ‘‘la politique doit servir aux intérêts de la collectivité et non à ceux des individus à n’importe quel prix.’’