Le Canada réticent à assumer le leadership d’une force d’intervention internationale en Haïti…

Mélanie Joly a rencontré le secrétaire d'État Antony Blinken à l'occasion de sa première visite aux États-Unis en tant que ministre des Affaires étrangères du Canada. PHOTO : ASSOCIATED PRESS / OLIVIER DOULIERY

OTTAWA, CA, jeudi 27 octobre 2022– De passage à Ottawa, le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, tente de convaincre son homologue, Mélanie Joly, de prendre les rênes pour l’envoi d’une force d’intervention internationale dans la perle des Antilles, en proie à une crise profonde.

Le Canada mène présentement une « mission d’évaluation en Haïti » afin de déterminer comment il « peut contribuer à la réponse internationale » aux crises humanitaires, sanitaires et sécuritaires qui balayent la perle des Antilles.

Le Canada et les États-Unis tentent de répondre à la demande d’intervention militaire étrangère formulée par le gouvernement haïtien. Le gouvernement haïtien par intérim gère un pays plongé dans le chaos depuis l’assassinat du président Jovenel Moïse en juillet 2021.

Les deux pays affirment qu’il faut intervenir, mais ne s’entendent pas sur la manière de le faire.

Accompagné de la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, le secrétaire américain a déclaré en conférence de presse jeudi que des discussions avec le Canada sur l’intervention militaire en Haïti étaient toujours en cours. Je crois qu’il faut faire davantage pour soutenir la police haïtienne pour qu’elle puisse reprendre la situation en main, a-t-il affirmé.

« Ce qu’il faut faire avant tout c’est de dénouer la problématique de la sécurité, car, maintenant, la situation est telle que les gangs occupent l’espace public, que ce soit à Port-au-Prince ou ailleurs au pays. », selon Blinken.

Depuis septembre, des groupes armés bloquent l’accès aux réserves de carburant, ce qui a entraîné une pénurie de produits de base, d’eau potable et de services médicaux. Tout cela à travers une éclosion de choléra.

Selon les Nations unies, près de la moitié des 11 millions d’habitants d’Haïti sont aux prises avec une insécurité alimentaire aiguë, dont 1,8 million fait face à des niveaux d’insécurité alimentaire d’urgence.

Le Canada et les États-Unis ont envoyé des véhicules blindés et les Nations unies songent aussi à une intervention militaire sur le terrain pour rétablir l’ordre. Une position appuyée par le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres.

Antony Blinken continue de faire pression pour que le Canada prenne la tête d’une force internationale afin de stabiliser Haïti, assiégé par des gangs criminels.

Mais la ministre Joly souhaite pour le moment mettre l’accent sur l’aide humanitaire. Présentement, c’est le peuple qui souffre en Haïti, alors notre objectif, c’est de les aider.

Elle a également expliqué que, pour régler la crise politique, il fallait trouver des solutions à la crise humanitaire et sanitaire. Haïti doit pouvoir recevoir du carburant et de l’eau potable, a-t-elle ajouté.

Mme Joly a indiqué qu’il fallait surtout soutenir les autorités sur place. Elle a d’ailleurs annoncé qu’une mission canadienne s’était rendue en Haïti afin d’évaluer la situation sur le terrain. Nous allons toujours soutenir des solutions qui sont trouvées et appliquées par les Haïtiens, a-t-elle précisé.

La ministre a dit mener des discussions avec plusieurs partenaires, dont la Communauté des Caraïbes (CARICOM) et l’Union africaine afin de s’assurer qu’il y a une légitimité derrière une telle approche.

Plus tôt, le bureau de la ministre des Affaires étrangères avait confirmé qu’une délégation du gouvernement fédéral mène des consultations avec les autorités haïtiennes.

« Cette délégation se trouve actuellement en Haïti pour consulter les intervenants afin d’explorer différents moyens d’aider le peuple haïtien à résoudre les crises humanitaires et de sécurité, ainsi que déterminer de quelle façon le Canada peut contribuer à la réponse internationale », selon Mélanie Joly, ministre des Affaires étrangères du Canada.

 

 

Source : Radio Canada