KINGSTON, dimanche 31 mars 2024 – Environ 70 soldats canadiens ont débarqué en Jamaïque à la demande de Kingston afin d’entamer la formation de quelque 330 soldats jamaïcains, beliziens et bahaméens en vue d’un déploiement prévu sous commandement kényan en Haïti. Le Canada, ayant joué un rôle clé dans l’élaboration des principes de maintien de la paix des Nations unies, répond ainsi favorablement à cette demande initiale du gouvernement jamaïcain. Ce déploiement, qui devrait s’étendre sur un mois, vise à soutenir les efforts de stabilisation dans un Haïti en proie à l’anarchie depuis plus d’un mois.
Depuis plusieurs semaines, Haïti fait face à un état d’anarchie de facto, avec des gangs prenant le contrôle de structures vitales tandis que le Premier ministre non élu, Ariel Henry, est en négociation à Nairobi pour conclure un accord. Dans ce contexte, les forces de police ont perdu le contrôle du pays, incitant les citoyens ordinaires à adopter des mesures de vigilance pour se protéger contre des gangs lourdement armés. Vendredi, près de la ville de Mirebalais, située au nord-est de Port-au-Prince, des individus ont “massacré” deux hommes soupçonnés d’approvisionner les gangs en armes, malgré les tirs de sommation de la police qui n’ont pas empêché le drame.
Un rapport des Nations unies publié jeudi dernier a mis en lumière la responsabilité d’organisations d’auto-défense dans au moins 59 meurtres cette année. Ce même rapport estime qu’Haïti aurait besoin de l’aide de 4 000 à 5 000 policiers étrangers pour rétablir l’ordre, bien que le nombre d’agents pouvant être déployés reste incertain. À ce jour, le Kenya a promis 1 000 policiers, le Bénin 2 000, les Bahamas 150, avec des engagements non précisés d’autres pays.
Nairobi a affirmé clairement qu’il n’enverrait pas ses troupes avant la mise en place du conseil présidentiel de transition en Haïti, chargé de remplacer Ariel Henry. Bien que ce conseil ait été retardé par des manœuvres politiques, sa composition semble désormais établie, et son installation officielle est imminente.
En février dernier, la ministre canadienne des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a annoncé un investissement de 80,5 millions de dollars canadiens pour soutenir le déploiement de la mission MSS. Cette annonce fait suite à des sessions de formation organisées par les Forces armées canadiennes (FAC) pour environ 300 soldats jamaïcains, beliziens et bahaméens, portant sur des thématiques telles que la protection des civils, la discipline, ainsi que la lutte contre les violences sexuelles en période de conflit.
Les Canadiens ont souligné que tous les soldats devront suivre une telle formation avant de prendre part à des missions de maintien de la paix sous l’égide des Nations unies. Mélanie Joly a exprimé ses remerciements envers les membres des FAC pour leur dévouement et leur soutien à ce déploiement, qu’elle a qualifié d’étape cruciale dans le rétablissement de la sécurité, de l’ordre et de la démocratie en Haïti.
Le vice-amiral Bob Auchterlonie, commandant du Commandement des opérations interarmées du Canada, a également souligné l’importance de cette mission dans la région de l’Amérique latine et des Caraïbes, où les FAC contribuent activement à la paix et à la sécurité mondiales. Il a souligné la collaboration avec les partenaires et les organisations internationales pour élaborer des stratégies optimales afin d’aider Haïti, tout en continuant à fournir une formation et un soutien logistique essentiels à cette opération.
Le ministre de la Défense nationale du Canada, Bill Blair, a assuré que cette formation préparera les troupes de la Caricom et renforcera la Police nationale haïtienne (PNH) dans leurs efforts pour rétablir la sécurité pour le peuple haïtien. Il a ajouté que cette formation se déroulera au Centre de soutien opérationnel des Forces armées canadiennes.