‘‘L’assassinat de Jovenel Moïse : une mission de faussetés et de complots révélée’’, selon le Collectif Défenseur Plus…

Jovenel Moise, ancien President d'Haiti

PORT-AU-PRINCE, dimanche 7 juillet 2024 – L’assassinat du président haïtien Jovenel Moïse, survenu le 7 juillet 2021, demeure au cœur d’une série de révélations et d’enquêtes qui mettent en lumière des complots et des falsifications orchestrés par divers acteurs. Selon le Collectif Défenseur Plus (CDP), cette mission meurtrière était fondée sur des faussetés et des intrigues tant internes qu’externes, exacerbées par des intérêts politico-économiques complexes.

Christian Emmanuel Sanon, l’un des principaux instigateurs de l’assassinat, avait mis en place une entreprise fictive, International Medical Village S.A., afin de faciliter l’entrée des mercenaires colombiens en Haïti. Le CDP souligne que Sanon avait également induit en erreur ces mercenaires, leur faisant croire qu’ils devaient exécuter un mandat d’amener. Pourtant, les militaires, en particulier les étrangers, n’ont aucun mandat à exécuter, révélant ainsi un mensonge flagrant qui a jeté une lumière crue sur les véritables intentions de cette mission.

Les acteurs clés de ce complot incluent Roodolphe Jaar, Marie Jude Gilbert Dragon, John Joël Joseph, et Badio Felix. Selon le CDP, Badio, se présentant comme un agent du ministère de la Justice et de la Sécurité publique, prétendait infiltrer des groupes pour protéger le président. Toutefois, son incapacité à empêcher l’assassinat de Jovenel Moïse soulève de sérieuses questions sur ses véritables motivations et ses allégeances.

Le 7 juillet 2021, vers 1 heure du matin, environ 30 assaillants ont pris d’assaut la résidence présidentielle. Déguisés en agents de la DEA, ils ont réussi à désarmer les gardes présidentiels haïtiens sans résistance significative. Ernst Germain, un policier de la garde présidentielle, a rapporté que les mercenaires ont menotté plus de 40 policiers sans aucune opposition apparente. Les assaillants ont pénétré la résidence, torturé et tué Jovenel Moïse, tandis que les renforts, bien qu’appelés par le président lui-même, n’ont jamais répondu à l’appel.

Les témoignages de la Première dame, Martine Moïse, indiquent que les assaillants semblaient chercher quelque chose de précis dans la résidence. Elle a rapporté qu’ils fouillaient la maison de manière méthodique, suggérant une connaissance préalable des lieux et des objectifs bien définis. Cette révélation ajoute une couche de mystère aux motivations de l’attaque et aux informations possédées par les assaillants.

Les enquêtes ont également mis en évidence des défaillances flagrantes parmi les responsables de la sécurité présidentielle, notamment Jean Laguel Civil, Dimitry Herard et Leon Charles, qui n’ont pas réagi aux appels de détresse du président. Cette inaction soulève des questions sur une possible complicité ou au moins une négligence grave de la part de ceux chargés de la sécurité de la plus haute autorité du pays.

L’incohérence entre les rapports des autorités locales et ceux des enquêteurs de la DCPJ souligne la confusion et la manipulation probable des preuves. Par exemple, le juge de paix a répertorié 400 douilles, tandis que le rapport de la DCPJ en a scellé 399 de différents calibres, exacerbant les soupçons de manipulation des scènes de crime et des preuves.

Le CDP met également en lumière les implications des hauts fonctionnaires, telles que la juge Wendelle Coq Thelot, qui aspirait à la présidence, et d’autres agents de sécurité présidentielle, pointant vers un possible crime d’État. Les accusations de corruption, de pots-de-vin et de vols d’argent corroborent cette hypothèse. James Solage a témoigné avoir vu des agents de l’USGPN partir avec de l’argent, renforçant ainsi l’idée d’un crime motivé par des intérêts financiers.

La justice haïtienne, entravée par des évasions et des complicités internes, a vu plusieurs suspects extradiés vers les États-Unis, où certains ont été condamnés à perpétuité. L’implication de la justice américaine a été cruciale, compte tenu de la participation de citoyens américains d’origine haïtienne dans ce complot.

Selon le CDP, l’assassinat de Jovenel Moïse a plongé Haïti dans une crise de gouvernance démocratique, exacerbant la violence armée et l’instabilité institutionnelle. La lutte pour le pouvoir et l’intervention étrangère ont complexifié la situation, menaçant la stabilité politique et sociale du pays.

Malgré les multiples obstacles et la lenteur des procédures judiciaires, le CDP exprime l’espoir d’une justice équitable. Le travail des juges d’instruction et la pression internationale pourraient, à terme, faire toute la lumière sur cette affaire complexe, rendant justice à la mémoire du président Jovenel Moïse et offrant une chance de redressement à la nation haïtienne.