Port-au-Prince, 20 septembre 2021- L’association nationale des magistrats haïtiens (ANAMAH) digère mal la démission du juge Renord Régis, entrainant du même coup l’arrêt de l’instruction du dossier de l’assassinat de l’ancien bâtonnier de l’ordre des avocats de Port-au-Prince, Me Monferrier Dorval.
En charge du dossier du bâtonnier Monferrier Dorval, assassiné le 28 août 2021 sur la cour de sa résidence à Pèlerin 5, Rénord Régis a démissionné le 5 septembre dernier de ses fonctions de juge et de juge instructeur.
Dans sa lettre de démission, le magistrat a évoqué des difficultés liées a sa sécurité personnelle et des obstacles en tout genre qui l’a empêché de mener a bien l’instruction de l’affaire pour justifier sa décision.
“Les conditions générales qui caractérisent le fonctionnement de l’institution judiciaire me déçoivent si profondément qu’il ne me reste qu’à prendre cette regrettable décision de me retirer de la fonction que j’admire le plus”, a écrit le juge Rénord Régis, ajoutant qu’il se trouve dans la pénible situation de réaliser que sa bonne volonté et ses apports se révèlent insignifiants pour contribuer à faire la différence voulue.”
Se disant très préoccupée par léthargique de la justice haïtienne, l’ANAMAH estime que le magistrat Renord Régis par son expression de démission montre le chemin lorsque l’iniquité trône en maître et seigneur dans les plus hautes sphères de décision des pouvoirs publics.
Dans un communiqué, l’Association Nationale des Magistrats Haïtiens (ANAMAH) affirme ‘‘perdre son vice-président, un citoyen linéaire, un frère, un Juge comme on en trouve difficilement dans ce pays exsangue.’’
‘‘Certains diront qu’il aurait dû se battre jusqu’à la dernière cartouche. Heureusement, poursuit le communiqué de l’ANAMAH, c’est exactement ce qu’il a fait. Plusieurs voyaient déjà ses enfants se faire enlever en se rendant à l’école ou, lui-même, se faire exécuter en pleine rue en se rendant à son cabinet d’instruction au bicentenaire,’’ selon l’organisation.
Pour l’ANAMAH tous ceux-ci sont des scénarios plus réalistes que sa lettre de démission lorsqu’on sait pertinemment qu’il instruisait le dossier de l’assassinat du Bâtonnier de l’ordre des avocats de Port-au-Prince et que quelques-uns, sentant monter la pression, ont même ordonné au directeur a.i de la police nationale, Léon Charles, de lui séparer de ses maigres moyens de dissuasion. ‘‘Un message clair et sans équivoque,’’ écrit l’association.
L’ANAMAH qui s’en prend ouvertement aux pouvoirs publics souligne ‘‘qu’aucun moyen sérieux ne fut mis à la disposition du magistrat. C’était bien le contraire, poursuit l’association qui affirme qu’on lui a même privé du peu de moyen qu’il avait, même des ordonnances rendues dans le cadre du dossier n’ont pas été signifiées.’’
Pour eux, ajoute-elle, il était hors question que le dossier soit traité de manière rigoureuse par un magistrat compétent et honnête, soulignant que ‘‘le juge Regis vient de montrer aux yeux du monde l’énorme fourberie de ces personnages grotesques, toujours aux postes de commande des appareils de sécurité de l’Etat haïtien.’’
Selon l’ANAMAH, ‘‘hier encore, ils s’illustraient dans un dossier d’assassinat pour empêcher son cours. Aujourd’hui, ils feignent maladroitement de vouloir rendre justice dans un autre dossier.
Dénonçant l’hypocrisie qui caractérise le fonctionnement de personnages, l’ANAMAH critique le fait ‘’qu’ils arborent le symbole de la justice et celui de l’équité. Pourtant, à les regarder droit dans les yeux, ils tuent et ils pillent avec une rare férocité la veuve et l’orphelin,’’ dénonce l’association.