PORT-AU-PRINCE, dimanche 23 octobre 2022– L’Association Nationale des Magistrats Haïtiens (ANAMAH) estime que des interventions en vue de meilleures prises en charge des détenus en Haïti participent de protection sociale contre la criminalité qui sévit actuellement dans tout le pays, à l’heure même où les mesures préventives de terrain semblent montrer leurs limites et que la police apparaît de plus en plus incapable de prévenir le passage à l’acte criminel.
L’ANAMAH déclare noter qu’un détenu ayant totalement purgé sa peine a pu être libéré le 19 octobre dernier a l’occasion de la visite d’une délégation composée du Doyen du Tribunal de Première Instance de Port au prince, du Commissaire du gouvernement de Port au prince, d’un représentant du Ministère de la Justice, de représentants de la Commission Nationale d’Assistance Légale et d’un représentant de du BINUH.
Dans un communiqué de presse, l’association qualifie cet acte de ‘‘fait encourageant mais insignifiant au regard de l’état de la situation qui prévaut actuellement dans les centres carcéraux nécessitant des interventions d’urgence planifiées et structurées.’’
‘‘Au fort de cette réalité, la lutte contre le banditisme doit prendre obligatoirement son sens légal et constitutionnel au lieu d’afficher l’apparence essentielle d’un mélange de mesures hétéroclites à finalité létale’’, écrit l’ANAMAH.
Se déclarant consciente de son rôle d’influence dans la lutte en vue d’un système judiciaire efficace et efficient, l’ANAMAH dit maintenir son engagement de promotion de meilleures compréhensions de la réalité carcérale auprès des magistrats, et de l’énorme sacrifice qu’ils devront consentir pour y remédier.
L’association ajoute qu’elle est sur un modèle très sérieux de partage d’engagement et de responsabilité, bien au-delà de tout esprit démonstratif et caricatural, arguant ne pas vouloir se prêter ‘‘aux jeux cosmétiques.’’
Elle s’est dit est convaincue, étant donné l’urgence, de la nécessité de mise en place rapide d’un groupe de réflexion et d’action mais tout cela ne peut être envisageable que suivant l’établissement préalable d’un échéancier d’exécution à la fois court et précis ; ‘‘les problèmes carcéraux en Haïti sont d’ordre globaux et systémiques, ils nécessitent un temps long de résolution.’’
L’ANAMAH) appelle ‘‘tous les magistrats, particulièrement ceux des juridictions de Port-au-Prince, de Croix des bouquets et de Petit-Goâve, à se rendre disponibles en vue de faciliter tout projet véritable de réalisation d’audiences visant à garantir le respect des droits des détenus conformément aux instruments internationaux des droits de l’homme signés et ratifiés par Haïti.’’
Alors qu’Haïti fait face a des crises multiformes (sociale, économique, politique, alimentaire, sécuritaire, humanitaire et sanitaire) des détenus meurent de faim ou de maladie en prison dans un contexte ouu l’appareil judiciaire est dysfonctionnel quasi complètement.