Photo: Sociologue Laennec Hurbon
RHInews/Libre Opinion
Port-au-Prince, 14 juin 2020
Laënnec Hurbon, Directeur de recherche honoraire au CNRS (Centre National de Recherche Scientifique), estime que la gestion en Haiti de la pandémie de la Covid-19 est marquée par des cafouillages, des contradictions et des incohérences qui manifestent bien des difficultés du gouvernement à se faire passer pour un pouvoir engagé dans la protection des vies humaines.
Cette étude rendue publique le 4 juin dernier pour la Plate-forme franco-haitienne, fait état des faiblesses structurelles du système hospitalier haitien disposant au total d’un millier de lits, alors qu’il en faudrait 7 mille, avec des hopitaux dépourvus de tout et des centres de santé très peu fréquentés.
“Cette pandémie arrive dans un contexte économique catastrophique où pres de 4 millions d’habitants sont sous le coup d’une famine, en plus d’une inflation qui galope et atteint environ 25%.”, écrit le sociologue Laënnec Hurbon, contastant que “l’économie informelle qui domine la vie quotidienne rend problématique toute décision de confinement contre l’expansion de la pandémie sans aucun accompagnement social conséquent”.
Abordant le chapitre politique avec l’échéance présidentielle controversée, le professeur à la Faculté des Sciences de l’UEH croit que l’entêtement du president Jovenel Moise à vouloir laisser le pouvoir le 7 février 2022 ouvrirait la voie à une crise politique lourde de nouvelle violences, en dépit de l’appui trouvé aupres du Secrétaire général de l’OEA, Luis Amalgro pour le vote récent du président Jovenel contre son homologue vénézuelien, Nicolas Maduro.
L’insistance, selon lui, du Core Group, de l’OEA et de la BINUH à apporter leur appui indéfectible à Jovenel Moise constitue des pratiques proprement coloniales qu’il conviendrait désormais d’interroger.
En ce qui a trait à l’état d’urgence décrété par Jovenel Moise pour “limiter la propagation de la Covid-19”, Laënnec Hurbon estime également qu’il s’agissait pour le gouvernement de prévenir toute tendance à des manifestations d’opposants, le virus tenant lieu de toute raison pour suspendre les libertés fondamentales. Fin texte.