WASHINGTON, vendredi 21 mars 2025– Le département de la Sécurité intérieure des États-Unis a annoncé vendredi qu’il allait révoquer les protections légales de centaines de milliers de Cubains, Haïtiens, Nicaraguayens et Vénézuéliens, les exposant ainsi à une potentielle déportation dans environ un mois. Cette décision concerne environ 532 000 personnes originaires de ces quatre pays, arrivées aux États-Unis depuis octobre 2022 avec des sponsors financiers. Ces personnes avaient reçu un permis de deux ans pour vivre et travailler aux États-Unis. Le secrétaire à la Sécurité intérieure, Kristi Noem, a indiqué qu’elles perdraient leur statut légal le 24 avril, soit 30 jours après la publication de l’avis dans le Federal Register.
Cette nouvelle politique touche les individus déjà présents aux États-Unis qui sont venus sous le programme de « parole humanitaire ». Elle fait suite à une décision antérieure de l’administration Trump de mettre fin à ce qu’elle appelait un « abus généralisé » de la parole humanitaire, un outil juridique de longue date que les présidents utilisaient pour permettre aux personnes en provenance de pays en guerre ou en instabilité politique de venir temporairement vivre aux États-Unis.
Pendant sa campagne, le président Donald Trump avait promis de déporter des millions de personnes vivant illégalement aux États-Unis. En tant que président, il a également mis fin aux voies légales permettant aux immigrés de venir ou de rester dans le pays.
Le département de la Sécurité intérieure a déclaré que les personnes bénéficiaires de la parole humanitaire, sans base légale pour rester, « devront quitter » les États-Unis avant la date de fin de leur parole. « La parole est par nature temporaire, et la parole seule ne constitue pas une base sous-jacente pour obtenir un statut migratoire », a précisé le département.
Avant cette nouvelle mesure, les bénéficiaires du programme pouvaient rester aux États-Unis jusqu’à l’expiration de leur parole, bien que l’administration ait cessé de traiter leurs demandes d’asile, de visas et d’autres demandes leur permettant de prolonger leur séjour. Cette décision a déjà été contestée devant les tribunaux fédéraux.
Un groupe de citoyens américains et d’immigrants a poursuivi l’administration Trump pour avoir mis fin à la parole humanitaire et cherche à rétablir le programme pour ces quatre nationalités. Des avocats et des militants ont exprimé leur mécontentement face à cette décision gouvernementale. L’action de vendredi va « causer un chaos inutile et des peines de cœur pour des familles et des communautés à travers le pays », a déclaré Karen Tumlin, fondatrice et directrice du Justice Action Center, l’une des organisations à l’origine de la plainte déposée fin février. Elle a qualifié cette décision de « téméraire, cruelle et contre-productive ».
L’administration Biden avait autorisé jusqu’à 30 000 personnes par mois en provenance de ces quatre pays à venir aux États-Unis pour deux ans avec la possibilité de travailler. Elle avait persuadé le Mexique d’accepter le même nombre de personnes provenant de ces pays, car les États-Unis pouvaient difficilement renvoyer ces migrants chez eux.
Cuba acceptait généralement environ un vol de déportation par mois, tandis que le Venezuela et le Nicaragua refusaient d’accepter tout vol. Les trois pays sont des adversaires des États-Unis. Haïti, pour sa part, avait accepté de nombreux vols de déportation, notamment après un afflux de migrants haïtiens dans la petite ville frontalière de Del Rio, au Texas, en 2021. Cependant, Haïti est en proie à des troubles constants, compliquant les efforts de déportation des États-Unis.
Depuis fin 2022, plus de 500 000 personnes sont arrivées aux États-Unis dans le cadre de ce programme, également connu sous le nom de CHNV. Cette politique faisait partie de la stratégie de l’administration Biden visant à encourager les migrants à passer par de nouveaux canaux légaux tout en intensifiant les contrôles pour ceux qui traversent la frontière illégalement.