WASHINGTON, (D.C), mardi 28 janvier 2025– Un rapport publié en novembre 2024 par l’Immigration and Customs Enforcement (ICE) révèle que 1 445 549 personnes figurent sur la liste des non-citoyens ayant reçu une ordonnance finale de renvoi aux États-Unis. Ce document met en lumière l’ampleur des efforts à fournir pour appliquer la politique migratoire de l’administration Trump et souligne les nombreux obstacles juridiques, diplomatiques et logistiques qui compliquent la mise en œuvre de ces expulsions.
Les raisons pour lesquelles ces individus font l’objet d’un ordre de renvoi varient. Pour beaucoup, il s’agit d’une entrée ou d’un séjour illégal sur le territoire américain. L’ICE précise que « toute personne se trouvant aux États-Unis sans un statut légal en règle peut être placée en procédure de renvoi, sauf si elle bénéficie d’une protection spécifique contre l’expulsion ». Certains ont dépassé la durée légale de leur visa, d’autres sont arrivés sans documents valides ou ont commis des infractions aux lois sur l’immigration, notamment l’usage de fausses pièces d’identité ou la fraude aux visas. Un autre motif de déportation repose sur des condamnations pénales, allant de crimes violents et délits liés au trafic de drogue à des infractions mineures qui, dans certains cas, peuvent suffire à justifier une expulsion. L’ICE rappelle cependant que « toutes les personnes figurant sur cette liste ne sont pas des criminels » et qu’une grande partie d’entre elles se trouvent simplement en situation irrégulière.
Le nombre de personnes concernées varie selon les pays d’origine. Le Mexique est le pays comptant le plus grand nombre d’individus sur cette liste avec 252 044 cas, suivi du Honduras avec 261 651, du Guatemala avec 253 413 et du Salvador avec 203 822. D’autres pays affichent des chiffres particulièrement élevés, notamment la Chine avec 37 908 personnes, Haïti avec 32 363, le Venezuela avec 22 749, l’Inde avec 17 940 et le Pérou avec 13 769. Le rapport mentionne également 12 699 ressortissants de la République Dominicaine, 8 675 du Vietnam, 7 760 du Pakistan, 5 120 de la Jamaïque et 4 837 du Bangladesh. Plusieurs autres pays sont représentés, illustrant la diversité des profils concernés par ces ordres d’expulsion.
L’ICE explique que plusieurs facteurs rendent difficile l’exécution de ces ordres de renvoi. L’un des premiers obstacles concerne les protections juridiques accordées aux non-citoyens. Certains bénéficient du droit d’asile, d’un statut de réfugié ou d’une protection contre la torture qui leur interdit légalement d’être renvoyés dans leur pays d’origine. « Si un non-citoyen est accordé une forme de protection contre l’expulsion, ICE est dans l’impossibilité de procéder à son renvoi », précise le rapport.
D’autres obstacles sont d’ordre diplomatique. L’agence classe 15 pays comme « non coopératifs » car ils refusent de reprendre leurs ressortissants ou entravent le processus de vérification de leur nationalité. Parmi ces pays figurent Cuba, la Chine, l’Iran, la Russie, le Venezuela et la Somalie. En outre, 11 autres pays sont considérés comme « à risque de non-conformité » car ils retardent ou refusent occasionnellement l’émission des documents nécessaires au retour de leurs citoyens. L’ICE explique que « le manque de coopération de certains gouvernements étrangers ralentit et, dans de nombreux cas, empêche les expulsions ».
La logistique des déportations constitue également un défi majeur. Chaque expulsion nécessite une coordination rigoureuse, incluant des entretiens consulaires, l’obtention de documents de voyage et la planification des vols, ce qui peut prolonger considérablement le processus. Le gouvernement américain rappelle que chaque pays a l’obligation d’accepter le retour de ses citoyens, mais les difficultés administratives et diplomatiques entravent fréquemment les procédures.
L’administration Trump défend une politique migratoire stricte et considère ces expulsions comme essentielles à la sécurité du pays. Toutefois, ces mesures sont critiquées en raison de leur coût financier et de leurs implications humanitaires. Les chiffres révélés par ce rapport illustrent la complexité de la situation, entre impératifs sécuritaires et contraintes légales, et posent la question de la faisabilité d’une application stricte des ordres d’expulsion face aux réalités juridiques et diplomatiques.