PORT-AU-PRINCE, jeudi 1e décembre 2022– Le bureau de suivi de l’accord de Montana (BSA) dénonce l’incapacité, l’incohérence et le manque de volonté du gouvernement actuel à agir pour résoudre la crise et augmente la tribulation de la population, qui s’aggrave de jour en jour.
Le BSA souligne que le gouvernement dominicain en profite pour harceler les Haïtiens vivant en territoire voisin, violer leurs droits en tant qu’individus et violer les conventions bilatérales et internationales sur la migration.
‘‘Pendant ce temps, selon le BSA, le pouvoir en place continue de faire subir au pays son mépris. Il n’a pas élevé la voix ni entrepris aucune action pour défendre les droits de nos compatriotes qui se font humilier en République Dominicaine. Au contraire, il préfère réprimer les organisations de la société civile de la zone frontalière qui exercent leurs droits légitimes pour élever la dignité du pays’’, déclare-t-il.
Pour le BSA, ‘‘le silence du gouvernement sur la question de l’impunité, contribue à la recrudescence de l’insécurité en Haïti. Les bandits en sont arrivés à assassiner le directeur de l’Académie de police, principale personne responsable de la formation des futurs policiers, qui assureront la protection de la population.’’
« Comme pour tous les autres crimes commis sur le territoire, aucune enquête sérieuse n’a été ouverte et la population n’a entendu parler d’aucune arrestation. Le degré d’impunité est suspect, il semble qu’il y ait une complicité entre les autorités et les criminels », déclare le BSA.
L’accord du 30 août 2021 dit de Montana déclare consacrer la lutte contre l’impunité comme l’une des principales étapes stratégiques pour mettre en œuvre une transition de rupture.
L’État doit travailler en étroite collaboration avec les acteurs sociaux et politiques pour décriminaliser la vie politique et économique en Haïti afin que la population puisse trouver du soulagement à la douleur qu’elle subit depuis trop longtemps. Aujourd’hui, la solution à l’insécurité du pays réside dans la rupture des relations entre le pouvoir politique et économique et les gangs armés’’, ajoute le BSA. Pour cela,
‘‘ Il appartient aux acteurs sociaux et politiques de parvenir à un consensus permettant de changer le leadership politique à la tête de l’Etat et de prendre toutes les mesures nécessaires pour que la justice fonctionne comme il se doit’’, ajoute le BSA.
‘‘Comme la BSA et plusieurs autres entités de l’Accord de Montana l’ont déjà dit dans plusieurs interventions depuis l’année dernière, la communauté internationale, qui a une grande responsabilité dans l’effondrement de l’État et la faillite économique d’Haïti, doit prendre des sanctions contre ceux qu’elle identifie comme complices et l’économie criminelle du pays et investissent ou déposent de l’argent dans les banques étrangères, suggère le BSA.
‘‘À cet égard, déclare le BSA, dans le cadre de la résolution 2653 adoptée par le Conseil de sécurité des Nations Unies en octobre 2022, le Canada et les États-Unis ont annoncé des sanctions contre plusieurs acteurs politiques haïtiens. C’est un premier pas dans ce que l’Accord de Montana et d’autres acteurs de la société civile demandent depuis longtemps.’’
« Ces sanctions ne doivent pas se limiter au secteur politique, elles doivent également frapper les acteurs de la classe économique impliqués dans l’économie criminelle dans le pays. Ces sanctions doivent être fondées sur de bonnes preuves juridiques, elles doivent être appliquées de manière impartiale. La communauté internationale ne doit pas les utiliser comme un moyen de régler les problèmes politiques qu’ils ont avec les bons patriotes qui défendent les droits et les intérêts du pays », écrit le BSA.
L’accord de Montana estime qu’il y a d’autres actions qui doivent menées pour mettre un terme à l’insécurité, contrôler l’envoi d’armes et de munitions à destination d’Haïti et prendre des sanctions contre les trafiquants illégaux d’armes, de munitions, de drogues, de personnes et d’organes.
Le BSA note que ces différentes sanctions peuvent avoir un certain impact sur l’économie.
Cependant, souligne-t-il, ‘‘elles n’auront pas de conséquences durables s’il n’y a pas une véritable transition, où le système judiciaire du pays se charge de collecter ces dossiers judiciaires et bien d’autres pour punir, selon ce que la loi exige, les auteurs intellectuels et les auteurs physiques de toutes sortes de délinquance financière parcours criminel qui fait monter les larmes aux yeux de la population en général et de plusieurs familles en particulier.’’