PORT-AU-PRINCE, lundi 27 janvier 2025-Dans une lettre adressée à Marco Rubio, récemment nommé Secrétaire d’État américain, les leaders de l’Accord du 21 décembre et de l’organisation “Engagés pour le Développement” (EDE), parmi lesquels Claude Édouard, Pascal Adrien, Jean Sherlin Mésadieu et André Michel, se distancient fermement des gangs criminels regroupés sous l’appellation “Viv Ansanm”. Ils appellent à une action décisive en sollicitant l’inscription de ce regroupement sur la liste des organisations terroristes.
Cependant, dans une lettre adressée le 8 janvier 2025 à la CARICOM, cosignée par des membres de l’accord du 21 décembre, l’organisation “Viv Ansanm”, qualifiée de terroriste, figurait parmi les soutiens de la démarche visant à choisir un président à la Cour de cassation pour remplacer k’ actuel CPT. Curieusement, elle a été exclue dans une seconde lettre à la CARICOM par deux des trois parties prenantes signataires de la précédente correspondance, qui avait soulevé l’indignation de nombreux secteurs du pays et dans les communautés haïtiennes expatriées
Cette correspondance, qui semble refléter une volonté de clarifier leur position face à la crise haïtienne, met également en avant des propositions visant à renforcer la sécurité, réformer la gouvernance transitoire et stabiliser le pays. “Les gangs de Viv Ansanm, dont les activités transnationales alimentent un chaos généralisé, représentent une menace non seulement pour Haïti mais pour toute la région”, écrivent les signataires, en soulignant que ces groupes criminels ont exécuté 5 600 personnes en 2024 et provoqué le déplacement de 1 045 000 Haïtiens, selon un rapport récent des Nations Unies.
Les leaders de l’Accord du 21 décembre et d’EDE insistent sur le rôle central des gangs dans l’insécurité croissante, citant leur contrôle de 85 % de la région métropolitaine de Port-au-Prince et d’une partie de l’Artibonite, deux zones électorales majeures. Les tirs contre des avions commerciaux américains en 2023 et 2024, attribués à ces groupes, sont également mentionnés comme un signe de la menace qu’ils représentent pour la sécurité régionale et internationale. Ils recommandent que, sur la base de la loi “USA Patriot Act” et de la résolution 60/288 de l’ONU, les États-Unis reconnaissent “Viv Ansanm” comme une organisation terroriste afin de faciliter la lutte contre leurs activités criminelles.
En parallèle, la lettre souligne l’urgence de réformes au sein du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), accusé de corruption et de clientélisme. “La confiance nécessaire à la tenue d’élections crédibles et démocratiques n’est pas au rendez-vous”, estiment-ils, en appelant à un redressement immédiat de cette structure pour rétablir la légitimité de la gouvernance transitoire. Trois scénarios pour une réforme en profondeur, élaborés avec la CARICOM, sont annexés à leur correspondance.
Sur le plan migratoire, les signataires plaident pour une reconsidération de la situation des bénéficiaires haïtiens du programme “Humanitarian Parole”. Ils rappellent que ces citoyens ont suivi les procédures légales pour entrer aux États-Unis et mettent en garde contre leur renvoi en Haïti, où la crise actuelle pourrait les pousser à tenter des migrations encore plus périlleuses.
Les leaders de l’Accord du 21 décembre et d’EDE appellent à une action concertée pour préserver les emplois liés à la loi Hope/Help et encourager des investissements structurants à moyen et long terme. “Le vrai changement en Haïti passe par une gouvernance transitoire légitime et inclusive, capable de restaurer la stabilité politique et d’ouvrir la voie à des élections non génératrices de nouvelles crises”, concluent-ils.