NEW-YORK, vendredi 28 juin 2024– « Le monde ne parvient pas à tenir la promesse de l’égalité des sexes et à mettre en place les mesures nécessaires pour que la moitié de l’humanité jouisse de ses droits et libertés fondamentaux », a déploré vendredi le chef des droits de l’homme de l’ONU, relevant que « l’écart de richesse entre les femmes et les hommes à l’échelle mondiale atteint le chiffre stupéfiant de 100.000 milliards de dollars ».
Lors d’un débat annuel du Conseil des droits de l’homme sur la violence économique en tant que forme de violence sexiste à l’encontre des femmes et des filles, Volker Türk a dressé un tableau alarmant de la situation.
Alors que quatre-vingt-douze pays ne disposent pas de dispositions imposant un salaire égal pour un travail de valeur égale, les femmes ne gagnent que 77 centimes pour chaque dollar versé aux hommes. Au total, quelque 3,9 milliards de femmes dans le monde sont confrontées à des obstacles juridiques qui entravent leur participation à la vie économique.
« La violence économique à l’encontre des femmes et des filles est l’une des formes de violence fondée sur le genre qui, aujourd’hui encore, passe trop souvent inaperçue et n’est pas réglementée », a déclaré Volker Türk, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme. Pourtant, même si elle ne se manifeste pas par « des bleus et des blessures », cette violence peut être tout aussi néfaste que cette brutalité physique, en enfermant les femmes et les filles dans des « cycles de dénigrement et d’inégalité ».
« Contrôle économique. Sabotage économique. Exploitation économique. Telles sont les trois formes de violence économique qui se manifestent dans le monde entier ». Il s’agit d’un dispositif inégalitaire pour restreindre l’accès d’une femme à l’argent et aux biens.
Il s’agit aussi de veiller à ce qu’elle ne puisse pas ouvrir un compte bancaire ou prendre des décisions financières. « L’empêcher de chercher un emploi ou d’aller à l’école. Prendre son salaire ou sa pension. Accumuler des dettes en son nom », a fustigé M. Türk.
« Sous toutes ses formes, la violence économique est facilitée par des normes de genre archaïques qui considèrent les hommes comme les décideurs financiers. Sous toutes ses formes, les femmes sont étouffées et empêchées de mener une vie autonome », a-t-il ajouté.
Pour mettre un terme à la violence économique et garantir de manière proactive l’équité économique, M. Türk prône « une révision complète » des lois et pratiques discriminatoires. Dans ces conditions, l’égalité des sexes doit être encouragée de manière positive par des lois régissant tous les domaines de la vie – économique, publique et politique.
« Et nous avons besoin de mesures politiques pour garantir l’application de ces lois. Des mesures politiques qui protègent et renforcent les droits économiques, sociaux et culturels des femmes », a-t-il insisté.
Il s’agit notamment de l’accès à un travail décent, y compris un salaire égal pour un travail de valeur égale. Cela passe aussi par une éducation de qualité qui promeut les droits de l’homme, l’égalité des sexes et le respect.
« La pleine réalisation des droits et de la santé en matière de sexualité et de procréation. L’égalité de propriété. L’égalité d’accès et de contrôle des ressources financières. Le partage des responsabilités en matière de garde d’enfants et des possibilités adéquates de garde d’enfants. Et surtout, le choix et la possibilité de définir sa propre vie », a dit le chef des droits de l’homme.
Par ailleurs, indépendamment de leur revenu ou de leur milieu, toutes les femmes et les filles vivent sous la menace de la violence fondée sur le genre. Près d’une femme sur trois en a subi une forme ou une autre au moins une fois dans sa vie, qu’elle soit physique, sexuelle, psychologique ou économique.
« Si un homme sur trois dans le monde était victime d’un préjudice aussi dévastateur et omniprésent, nous convoquerions un sommet d’urgence », a rappelé M. Türk, ajoutant que dans sa forme la plus simple, la violence à l’égard des femmes et des filles est « une expression flagrante de la domination et du patriarcat ».
Une façon de rappeler qu’elle constitue un obstacle brutal à l’égalité des sexes. La violence fondée sur le genre « persiste » donc en raison de « l’omniprésence des cultures de masculinité toxique et de misogynie ».
Elle n’est pas spécifique à une culture, à une région ou à une religion. Elle est répandue, alimentée par des mentalités et des pratiques séculaires qui sont encore dangereusement répandues, presque partout.
« Toute forme de violence fondée sur le sexe est une forme de contrôle manifeste des femmes et des filles. Elle vise à perpétuer leur subordination. Pour les stéréotyper, les dégrader, les contraindre et les humilier. Les priver de leur liberté et de leur capacité à prendre des décisions », a fait valoir le chef des droits de l’homme de l’ONU.