“La Solidarité Fanm Ayisyèn (SOFA) : 39 ans de lutte pour les droits des femmes dans un contexte de violence accrue”…

PORT-AU-PRINCE, mardi 25 février 2025À l’occasion de son 39ᵉ anniversaire, la Solidarité Fanm Ayisyèn (SOFA) commémore son engagement indéfectible dans la défense des droits des femmes en Haïti, malgré un contexte national marqué par une insécurité croissante et une violence qui ne cesse de s’intensifier. Fondée le 22 février 1986, la SOFA est un pilier du mouvement féministe haïtien, membre de plusieurs organisations internationales, dont la Fédération Internationale pour les Droits Humains (FIDH), la Fédération Internationale pour la Planification Familiale (IPPF), la Marche Mondiale des Femmes et la Plateforme Haïtienne de Plaidoyer pour un Développement Alternatif (PAPDA).

Depuis quatre ans, la population haïtienne vit sous une angoisse permanente, où l’incertitude et la peur ont remplacé toute forme de stabilité. Pour la SOFA, cette insécurité est devenue une menace directe contre ses activités et son existence même. En un an, trois balles perdues ont atteint ses locaux, mettant en danger la vie de ses militantes et des femmes qu’elle accompagne. Il y a à peine un mois, une intervenante a échappé de justesse à un projectile qui a explosé sur le toit de ses bureaux, alors qu’elle recevait une survivante de violence.

Un rapport des Nations Unies publié en novembre 2024 a révélé que 40 % des blessures et décès liés à des projectiles enregistrés à Port-au-Prince résultaient de balles perdues. Cette réalité reflète la montée de l’anarchie dans la capitale, où les gangs armés imposent leur loi, provoquant des déplacements massifs de la population. Des centaines de milliers de personnes ont été chassées de leurs foyers, tandis que des entreprises, institutions publiques et organisations de la société civile, comme la SOFA, se retrouvent à devoir se retrancher face à la menace constante.

Face à cette situation dramatique, la SOFA interpelle les élites politiques, économiques et sociales du pays : combien de temps encore avant qu’il ne reste plus un seul endroit sûr ? Où iront les plus d’un million de déplacés fuyant la terreur des gangs ? Pour l’organisation, la réponse ne réside pas dans l’abandon ou la fuite, mais dans une révolte collective contre l’inacceptable. “Nous devons récupérer nos quartiers, ces espaces qui font partie intégrante de notre identité et de notre histoire. Ils ne sont pas seulement des lieux de résidence, mais aussi des symboles de notre mémoire collective, de nos luttes et de nos liens sociaux”, insiste la Directrice exécutive de la SOFA, Marie Frantz Joachim.

La mission de la SOFA s’articule autour de cinq axes fondamentaux : la lutte contre les violences faites aux femmes, la santé des femmes, la lutte contre la féminisation de la pauvreté, la participation des femmes aux instances de pouvoir et de prise de décision, ainsi que le développement organisationnel. Dans ce cadre, elle mène des programmes d’éducation et d’action, tels que la Clinique Fanm SOFA, qui offre des services aux femmes des quartiers populaires, et la gestion de 21 centres d’accueil pour les survivantes de violences.

À l’occasion de ses 39 ans, la SOFA réaffirme son engagement à défendre les droits des femmes et à revendiquer des conditions de vie dignes, incluant le droit à la sécurité, au logement et à la liberté de mouvement. Elle appelle les autorités à prendre leurs responsabilités en protégeant l’ensemble de la population et en mettant un terme à la terreur imposée par les gangs.

“Les femmes veulent et doivent retourner chez elles, vivre et vaquer à leurs occupations dans un environnement sécurisé, sans craindre les balles perdues, les viols collectifs, les exécutions sommaires ou les incendies criminels. La lutte des femmes est celle de tout un peuple”, déclare Marie Frantz Joachim.