NEW-YORK, samedi 28 septembre 2024– À la tribune de l’Assemblée générale des Nations Unies, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a vivement critiqué les États-Unis et leurs alliés, les accusant de ne pas pouvoir abandonner des pratiques néocoloniales. Il a rappelé que lors du Sommet des Nations Unies de 2005, les États-Unis s’étaient engagés à construire un monde juste en accord avec les principes de la Charte des Nations Unies, mais cela ne les avait pas empêchés de pousser la Géorgie à une agression armée en Ossétie du Sud en 2008. Il a également dénoncé l’intervention de l’OTAN en Libye trois ans plus tard, qui a selon lui détruit l’État libyen et déstabilisé les pays voisins.
Sergueï Lavrov a reproché au camp occidental de continuer à exploiter les ressources naturelles et culturelles des pays du Sud, en dépit des promesses faites lors du Sommet de 2015 sur le développement durable. Il a invité l’assistance à examiner les statistiques concernant la réalisation des engagements financiers pour aider les pays du Sud et le transfert de technologies respectueuses de l’environnement. Il a accusé les États-Unis et leurs alliés de maintenir des ambitions hégémoniques contre l’avis de la majorité des États Membres des Nations Unies, prenant pour exemple l’embargo commercial contre Cuba qui dure depuis plus de 60 ans et les actions de Washington contre l’Organisation mondiale du commerce.
Le ministre russe a également dénoncé la « minorité occidentale » qui freine les réformes attendues de l’ONU en occupant la majorité des postes au Secrétariat des Nations Unies. Pour la Russie, la revitalisation de l’ONU nécessite la fin des sommets déconnectés de la réalité et la restauration d’une confiance basée sur le principe d’égalité souveraine de tous les États Membres. Lavrov a critiqué l’adoption du Pacte pour l’avenir, un document rédigé pendant 18 mois sous le contrôle des « manipulateurs occidentaux », sans séance plénière. Selon lui, ce texte, avant même d’être appliqué, est déjà voué à l’échec, rejoignant la liste des déclarations bien rédigées mais inefficaces.
Sergueï Lavrov a également fustigé le fonctionnement du Conseil de sécurité, accusant les pays occidentaux de saboter les processus de résolution des conflits au Kosovo, en Bosnie-Herzégovine, et la création d’un État palestinien indépendant. Il a aussi reproché aux Occidentaux d’avoir provoqué des catastrophes régionales à travers leurs actions militaires. Selon lui, l’invasion de l’Afghanistan a entraîné la formation d’Al-Qaida, celle de l’Iraq a conduit à la création de l’État islamique, la guerre en Syrie a vu l’émergence du Front el-Nosra, et la destruction de la Libye a facilité l’expansion du terrorisme dans la région saharo-sahélienne, tout en déclenchant une vague migratoire massive vers l’Europe.
En ce qui concerne l’Ukraine, Lavrov a accusé les « stratèges anglo-saxons » de vouloir utiliser le régime de Kiev pour vaincre la Russie. Il a jugé insensé de pousser l’Europe à une confrontation suicidaire avec une puissance nucléaire comme la Russie. Il a une nouvelle fois justifié « l’opération militaire spéciale » de la Russie, la présentant comme une mesure visant à protéger les populations russes contre les violations de leurs droits par le régime de Kiev et l’OTAN. Selon lui, ces violations et les menaces qui en découlent pour la sécurité de la Russie et de l’Europe sont à l’origine de la crise ukrainienne actuelle.