La République dominicaine durcit sa politique migratoire vis-à-vis des Haïtiens ; la polémique enfle entre les autorités des deux pays…

Luis Abinader, President Dominicain, Claude Joseph, Chancelier Haitien

Saint-Domingue, mardi 2 novembre 2021- La République dominicaine suspend les visas d’étudiant pour les Haïtiens et pourrait revoir le statut d’immigration de centaines de milliers d’étrangers alors qu’elle continue de resserrer ses frontières dans un chaos croissant en Haïti voisin.

Le ministère dominicain des Affaires étrangères a déclaré lundi soir dans un tweet que le gouvernement « suspendrait indéfiniment » le programme de visa étudiant. En outre, le ministère de l’Intérieur propose de « vérifier » le statut d’immigration de quelque 220 000 étrangers – en grande majorité des Haïtiens – qui ont été autorisés à rester dans le pays dans le cadre d’un programme de 2013.

Les mesures peuvent encore limiter la capacité des Haïtiens à quitter leur pays légalement.

La proposition d’audit sera présentée au président Luis Abinader mercredi. Abinader, qui a pris ses fonctions en 2020, a exhorté les gouvernements étrangers à faire davantage pour lutter contre la violence criminelle et le chaos en Haïti.

« La communauté internationale, en particulier les États-Unis, le Canada, la France et l’Union européenne, doivent agir d’urgence sur Haïti », a écrit Abinader sur Twitter lundi.

Peu de temps après le tweet d’Abinader, le ministre haïtien des Affaires étrangères, Claude Joseph, a partagé un avertissement de voyage du Département d’État américain pour la République dominicaine et a déclaré que les deux nations – qui partagent l’île caribéenne d’Hispaniola – doivent « travailler ensemble pour éradiquer le problème de l’insécurité ».

Le tweet de Claude Joseph a provoqué des réactions de rage en République Dominicaine où même la presse s’en prend aux autorités d’Haïti qu’elle considère comme ‘‘incapables et corrompus.’’

En 2013, le tribunal constitutionnel dominicain a décidé que les personnes nées de parents étrangers ne pouvaient plus prétendre à la nationalité dominicaine. Cette disposition concernait plus de 250 000 descendants d’Haïtiens.

“Les enfants nés dans le pays de parents étrangers”, depuis 1929, étaient donc déchus de la nationalité dominicaine, selon les dispositions de cette mesure qui avait suscité la réprobation des Nations-Unies.

Des nombreuses organisations nationales et internationales de défense des droits humains avaient qualifié cette décision ‘‘d’haïtianophobe.’’