WASHINGTON (D.C.), mercredi 22 janvier 2025- Quelques heures après son investiture en tant que président des États-Unis, Donald Trump a lancé une offensive majeure contre l’immigration, un thème central de son programme politique. Parmi les premières mesures adoptées, il a déclaré une urgence nationale à la frontière sud avec le Mexique, qualifiant la situation de « désastreuse invasion de notre pays ». Il a annoncé le déploiement de troupes pour lutter contre l’immigration clandestine et a rétabli la politique « Rester au Mexique » (Remain in Mexico), en vigueur lors de son premier mandat. Cette mesure oblige les demandeurs d’asile à rester au Mexique pendant le traitement de leur dossier, renforçant les obstacles pour accéder légalement aux États-Unis.
Dans un décret signé récemment, Trump a également ordonné la suppression du programme de « Parole Humanitaire », introduit sous l’administration Biden, qui offrait une alternative légale aux migrants originaires d’Haïti, de Cuba, du Nicaragua et du Venezuela. Ce programme avait permis à plus de 500 000 personnes d’entrer temporairement aux États-Unis depuis son lancement en janvier 2023. Les bénéficiaires pouvaient obtenir un permis de travail, rester dans le pays pendant deux ans et être protégés contre l’expulsion.
Trump a justifié cette décision en affirmant que son administration mobiliserait toutes les ressources pour stopper ce qu’il appelle « un flux sans précédent d’étrangers illégaux ». Il a également ordonné au Département de la Sécurité intérieure (DHS) de mettre fin à tous les programmes jugés contraires à ses politiques migratoires.
Le programme de « Parole Humanitaire » avait été salué pour son efficacité à réduire les traversées illégales, en particulier à la frontière américano-mexicaine. Il permettait aux migrants de demander une entrée légale depuis leur pays d’origine pour des « raisons humanitaires urgentes ou des avantages publics significatifs », à condition d’avoir un sponsor basé aux États-Unis et de passer une vérification des antécédents. Selon le DHS, 531 690 personnes avaient bénéficié de ce programme, la majorité provenant d’Haïti.
Cependant, sa suppression suscite une vive inquiétude, notamment en Haïti, où la situation humanitaire et sécuritaire se détériore rapidement. La violence des gangs, les catastrophes naturelles et l’effondrement économique poussent des milliers de personnes à fuir leur pays dans l’espoir d’une vie meilleure. Privés de cette voie légale, beaucoup risquent désormais d’être contraints à des traversées dangereuses et illégales pour tenter de rejoindre les États-Unis.
L’administration Biden avait déjà suspendu le programme à l’automne 2023 en raison de préoccupations liées à des fraudes et avait annoncé qu’elle ne renouvellerait pas le statut des bénéficiaires, les invitant à trouver une autre voie de régularisation une fois leur autorisation expirée.
Avec ces nouvelles restrictions, les Haïtiens, ainsi que les migrants des autres pays concernés, se retrouvent dans une situation encore plus précaire. Alors que la crise s’intensifie, la fin de ce programme met en lumière l’absence de solutions concrètes pour répondre à leurs besoins humanitaires et leur aspiration à un avenir plus sûr.