PORT-AU-PRINCE, jeudi 6 octobre 2022– Analysant la crise de carburant que le pays subit depuis plusieurs mois, l’organisation des droits humains “Sant Karl Lévêque” (SKL) estime que cette situation est dû à un problème de mauvaise gouvernance, mais surtout à la prise en otage de I ‘Etat par un groupe économique bien déterminé.
L’organisation souligne que le 10 janvier 2018, le gouvernement haïtien a confié, par décision prise en conseil des Ministres, au BMPAD la mission d’importer exclusivement des produits pétroliers.
‘‘A partir de cette date, c’est le BMPAD qui a la charge de lancer des appels d’offre et la compagnie sélectionnée placera la commande sur le marché (spot) pour le pays. Cet épisode consacre le début des calvaires des consommateurs haïtiens ainsi que le pillage du trésor public ‘’, écrit SKL.
SKL fait remarquer que de 2014 à 2016, l’État haïtien a autorisé la compagnie ‘‘Novum’’ à placer la commande ‘‘non pas parce qu’ elle était la plus performante, mais plutôt la plus apte à institutionnaliser et à faciliter la corruption.’’
Selon SKL, les acteurs qui contrôlent ce commerce en Haïti sont un groupe composé de six (6) membres.
L’organisation déclare que, « les prétendues raretés créées de toutes pièces par ces mafieux facilitent la corruption à grande échelle (surfacturation, enrichissement illicite). C’est un secteur florissant dans lequel l’individu est en mesure de s’enrichir sans rendre compte à personne ».
En terme de recommandations, SKL estime que I’Etat haïtien doit développer une stratégie de décentralisation du secteur pétrolier lui permettant de diviser le pays en trois pôles ou trois (3) zones de stockages stratégiques, dont l’une dans le grand Nord ; l’une le grand Sud ; et le renforcement de celle de l’Ouest.
SKL note ‘‘qu’iI n’existe aucune velléité à décentraliser le stockage parce qu’en concentrant l’essence à Port-au-Prince cela facilite d’une part la paralysie des activités et d’autre part la rareté profitable au cercle mafieux. Même les engins lourds destinés au transport interdépartemental du pétrole appartiennent aux malfrats.’’
Selon SKL, une autre solution possible serait que l’Etat haïtien ait recours à des prix du marché. ‘‘Cela lui permettrait de diminuer progressivement les profits indus des intermédiaires ; détendre le marché interne ; rapatrier des ressources dans le Trésor public ; pratiquer enfin une vérité des prix des produits pétroliers sans pénaliser les consommateurs, précise SKL.
L’organisation estime que l’Etat haïtien ne doit plus laisser un secteur aussi transversal et stratégique entre les mains d’un groupe de six (6) entreprises qui définissent les règles du jeu afin de satisfaire leur ‘‘cupidité.’’