Par Jacques Kolo,
Port-au-Prince, 8 juillet 2020 (RHInews)- Etes-vous chef de la police ou chef des macoutes? se questionne l’écrivain Lyonel Trouillot, dans une correspondance en créole datée du 7 juillet 2020 au chef par intérim de la Police Nationale d’Haïti (PNH), Normil Rameau.
Dans ce document-réquisitoire à la fois contre Normil Rameau et l’institution policière, Lyonel Trouillot, journaliste et brillant professeur de littérature française et haitienne, estime que l’heure n’est plus à l’auto-musèlement et encore moins de se laisser gagner par la peur face au nouveau développement de la situation dans le pays.
“Le lundi 6 juillet, des individus sous votre commandement portant l’uniforme de la PNH attaquent des citoyens qui manifestaient paisiblement à coups de bonbonnes lacrymogènes et des tirs d’armes jusqu’à l’intérieur des maisons où ils s’étaient refugiés”, raconte Lyonel Trouillot, ajoutant qu’un commandant de troupe a même eu l’audace d’intimer l’ordre à ses subalternes pour qu’ils en finissent avec le mouvement de contestation.
Cet épisode avec la voix du commandant en question a été enregistré et diffusé sur les réseaux sociaux, informe l’écrivain qui observait le déroulement du sit-in et le comportement de la police.
Qui a donné l’ordre d’agir de la sorte? Si ce n’était pas vous, qui d’autres”, s’interroge Lyonel Trouillot, rappelant que les citoyens ont le droit de manifester
“Des citoyens meurent par balles ou à l’arme blanche. Des gangs armés concoctent des alliances officielles. C’est le cadet des soucis de l’institution que vous dirigez”, fait remarquer l’écrivain Lyonel Trouillot, estimant que la PNH est devenue un outil de représion au service du pouvoir en place
“Il est aussi important de donner une explication aux pays sur les actes de représsion orchestrés par la PNH qui progressivement se métamorphose en “Volontaire de la Sécurité Nationale” (VSN), structure para-militaire créée par le dictateur François Duvalier pour bien asseoir son régime/ NDLR, ajoute Lyonel Trouillot, membre du Collectif de la revue “Cahiers du vendredi.
“La seule vraie urgence qui me reste pour l’instant c’est de prononcer une parole conséquente, de dénoncer les méfaits et de faire preuve de solidarité aux gens qui souffrent”, écrit Lyonel Trouillot..
Lyonel Trouillot, 63 ans, a plusieurs ouvrages à son actif entre autres: ” La belle amour humaine/2011″, “Rue des pas perdus/1996”, “Kannjawou/2016” “Haiti, (re)penser la citoyenneté/2011”, “Les Fous de Saint-Antoine/1989”. Il est surtout considéré dans le milieu comme étant poête et nouvelliste