La police dominicaine tue un ouvrier haïtien et blesse plusieurs autres. Des organisations des droits humains protestent…

Des haitiens et dominicains d'origine haitienne arretes en Republique Dominicaine...

SAINT-DOMINGUE, lundi 13 février 2023- L’incident s’est produit le matin du 10 février, à Cap Cana, lorsque des ouvriers haitiens du bâtiment ont été attaqués sur leur lieu de travail  par des agents de la Direction Générale des Migrations (DGM).

Selon les organisations des droits humains, ‘‘les agents répressifs ont tiré des coups de feu sur les ouvriers, qui ont jeté des pierres pour se défendre.’’

Au moins un ouvrier, Jean Modes Fontas, 37 ans, a été tué sur le champ, tandis que l’ouvrier Stanjunior Saurin, 36 ans, a reçu une balle au bras.

Les organisations critiquent le fait que les médias nationaux aient diffusé de fausses nouvelles pour inciter à la haine raciale, parlant d’un prétendu “soulèvement” de “deux mille Haïtiens”, “tentant ainsi de légitimer la répression brutale du gouvernement”.

Les protestataires soulignent que « la DGM mène constamment des rafles sans mandat, contre les travailleurs haïtiens de ce pôle de développement touristique et immobilier, construit presque entièrement par la main-d’œuvre immigrée ».

Ils ajoutent que des versions circulent selon lesquelles, dans ce cas, l’entreprise de construction devait des salaires aux travailleurs depuis décembre et pourrait être complice des actions de la DGM, pour échapper au paiement.

Compte tenu de l’annonce par la DGM de l’expulsion de 71 travailleurs et de la criminalisation de sept travailleurs pour troubles présumés à l’ordre et violations de la loi sur les migrations, les protestataires estiment que « (le) Procureur général de la République ne devrait pas permettre l’expulsion de personnes qui ont été victimes et témoins d’une action criminelle de la DGM ayant fait au moins un mort et plusieurs blessés.

Ils exigent la libération des travailleurs détenus et dénoncent les expulsions comme une tentative d’entraver l’enquête sur la répression pour garantir l’impunité.

Les protestataires estiment que des garanties et une protection judiciaires doivent être fournies à tous les travailleurs afin qu’ils puissent témoigner dans un procès judiciaire contre les’’ agents meurtriers.’’

« Le gouvernement Abinader se vante d’avoir procédé à des déportations massives qui ont touché plus de 154 000 personnes en 2022, presque tous des Haïtiens.

« Pour mener à bien cette politique, le gouvernement viole systématiquement les lois dominicaines. Les arrestations arbitraires, les vols, les extorsions, l’enfermement dans des centres surpeuplés et insalubres, l’expulsion des nourrissons séparés de leurs familles et des femmes enceintes, font partie du quotidien des immigrants haïtiens et dominicains d’origine haïtienne, en conséquence de cette politique gouvernementale », soulignent-ils.

‘‘Les actions criminelles des mafias de traite des êtres humains liées à la police, à l’armée et à la DGM se multiplient également,’’ dénoncent les organisations.

 

 

 

Les organisations exigent que le gouvernement Abinader cesse ses « attaques brutales contre les droits et la dignité des immigrants haïtiens et dominicains d’origine haïtienne et mette fin à sa campagne raciste de déportations massives. ‘‘Nous exigeons également que vous respectiez la liberté syndicale et que vous autorisiez les travailleurs immigrés à organiser des syndicats.’’

Elles appellent à des mobilisations « contre ces crimes d’État qui visent à la consolidation d’un régime d’apartheid qui opprime et discrimine systématiquement sur la base d’une classification raciale de la population. Nous appelons à la solidarité internationale des organisations sociales, des droits de l’homme et des syndicats qui luttent contre la discrimination raciale et l’apartheid ».

 

Les organisations signataires sont :  le Collectif #HaïtianosRD, le Coordonnateur National Populaire, le Mouvement Socialiste des Travailleurs et Ouvrières (MST), le Mouvement des Femmes Dominicaines Haïtiennes (MUDHA), le Mouvement Reconnu, le Comité pour l’Unité et les Droits des Femmes (CUDEM) Socio- Femmes politiques Mamá Tingó, Mouvement Caamañista, Izquierda Revolucionaria, Batey Los Jovillos Youth Group, Cane Workers Union, Human Code Foundation, Intercultural Connection for Well-being and La Ceiba Autonomy, Junta de Prietas, MOSCTHA, ASOPIDHA, Organized Cane Growers and the International Ligue