PORT-AU-PRINCE, jeudi 3 octobre 2024– La Plateforme des Organisations Haïtiennes des Droits Humains (POHDH) a annoncé la suspension de l’institution SKL pour une durée de trois ans, à la suite d’une décision prise lors d’une Assemblée Générale Extraordinaire qui s’est tenue le vendredi 27 septembre 2024. Cette décision, prise après plus de trois heures de discussions animées entre les membres de la plateforme, s’inscrit dans un contexte de tensions internes croissantes au sein du regroupement, accentuées par des déclarations publiques jugées préjudiciables à l’image de la POHDH.
Les membres de la POHDH, au cours de cette assemblée, ont d’abord souligné la complexité de la situation que traverse Haïti, marquée par une crise d’insécurité généralisée et une désorganisation institutionnelle touchant à la fois les secteurs public et privé. Cette instabilité nationale a rendu encore plus cruciale la nécessité de préserver l’unité et la solidarité au sein de la plateforme. Or, les récents agissements de SKL, notamment ses multiples notes publiées sur la place publique dénonçant certaines actions de la POHDH, ont exacerbé les divisions internes.
Depuis sa création, la POHDH a toujours mis un point d’honneur à résoudre les désaccords internes par le dialogue et la concertation entre ses membres. Toutefois, les déclarations publiques de SKL, signées par ses responsables, ont été perçues comme une atteinte directe à l’intégrité et à la crédibilité de la plateforme. Ces interventions publiques, qui visaient à critiquer la POHDH de manière frontale, ont généré une crise de confiance au sein du regroupement. Les membres de la POHDH, en se référant à l’article 10 de leurs statuts, ont insisté sur l’importance du respect mutuel et de la solidarité entre les organisations membres. Toute action qui remet en question cette solidarité affaiblit non seulement la cohésion interne, mais compromet également l’efficacité du travail de la plateforme.
Les discussions au sein de l’Assemblée ont également porté sur les aspects juridiques entourant la sanction infligée à SKL. En se fondant sur l’article 18 des statuts de la POHDH, les membres ont confirmé que le quorum requis était atteint pour prendre une décision. Les articles 12, 13, 14 et 20 ont ensuite été invoqués pour justifier la suspension de SKL. Ces articles précisent les conditions dans lesquelles un membre peut perdre ses droits au sein de la plateforme, ainsi que les raisons pour lesquelles une sanction peut être imposée. L’article 20, en particulier, accorde à l’Assemblée le pouvoir de prendre des sanctions contre tout membre qui contrevient aux principes fondamentaux de la POHDH.
En conséquence, il a été décidé que SKL serait suspendue pour une période de trois ans. Cette suspension est une mesure rare et grave, qui reflète la gravité des accusations portées contre SKL. Toutefois, les membres de la plateforme ont précisé que cette sanction avait pour but de restaurer un climat de confiance au sein du regroupement, et non de punir de manière définitive l’institution suspendue. La durée de trois ans a été choisie afin de laisser suffisamment de temps pour apaiser les tensions et permettre à SKL de réintégrer la plateforme sous de meilleures conditions à l’issue de cette période.
Les organisations présentes à l’Assemblée, telles que le Centre de Recherche et de Formation Économique et Sociale pour le Développement (CRESFED), la Commission Épiscopale Justice et Paix (JILAP), le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), et le Programme pour une Alternative Justice (PAJ), ont toutes apposé leur signature sur la résolution finale. Elles ont réaffirmé leur engagement à respecter les principes fondateurs de la POHDH, et à continuer de travailler ensemble pour la défense des droits humains en Haïti, malgré les difficultés actuelles.
Cette suspension envoie un signal fort à l’ensemble des membres et des partenaires de la POHDH. Elle rappelle que la cohésion interne du regroupement est essentielle à la poursuite de ses missions. Dans un contexte national marqué par l’insécurité et l’effondrement des institutions, il est crucial que les organisations de défense des droits humains maintiennent leur unité et leur solidarité pour répondre aux défis actuels. En sanctionnant SKL, la POHDH cherche à renforcer cette unité et à éviter que de nouvelles divisions ne compromettent l’efficacité de ses actions sur le terrain.
La période de suspension de trois ans servira également à réévaluer les dynamiques internes au sein de la plateforme, afin d’assurer que toutes les organisations membres partagent les mêmes objectifs et travaillent dans le respect mutuel des principes de solidarité et de coopération qui ont toujours guidé les actions de la POHDH.