PORT-AU-PRINCE, mercredi 25 janvier 2023- La Plateforme des Organisations Haïtiennes des Droits Humains (POHDH) dénonce, dans un communiqué, la publication dans le journal officiel de la République « Le Moniteur » le 1 janvier 2023 de l’accord du 21 décembre 2022 dit de “Consensus National pour une Transition Inclusive et des Elections Transparentes”; ainsi que l’arrêté du 17 janvier 2023 portant création du Haut Conseil de Transition (HCT).
Selon la POHDH, “ces décisions du Premier Ministre de facto Ariel Henry traduisent son mépris vis-à-vis de la grande majorite des acteurs politiques et sociaux qui contestent sa démarche partisane et non consensuelle.”
Elle estime que “cet accord, signé par des acteurs liés dans leur grande majorité au gouvernement de facto, répond principalement à l’objectif de renouveler l’équipe au pouvoir étant donné l’expiration de l’accord du 11 septembre 2021. En d’autres termes, poursuit la POHDH, l’accord du 21 décembre 2022 n’est qu’un prolongement de l’accord du 11 septembre 2021.”
Selon la POHDH, “l’accord dit inclusif a été élaboré dans la plus grande opacité. lI s’inscrit dans le cadre d’une manœuvre politicienne qui risque d’empirer la situation de crise déjà d’une exceptionnelle gravité”, prévient-elle.
Dans la liste des signataires de l’accord politique dit inclusif, il y est relevé un nombre significatif d’acteurs dont leur identité a été usurpée ou qui sont dépourvus de toute réelle existence sociale ou politique, souligne la POHDH.
La POHDH ajoute que “le gouvernement de facto, décrié et sans la moindre légitimité politique, s’est montré totalement incapable à résoudre le moindre problème d e la population depuis plus d e quinze mois.”
Dans son communiqué, la POHDH declare que le Haut Conseil de Transition issu de l’accord dit inclusif ne détient aucun pouvoir décisionnel et ses membres n’ont pas été désignés par les principales forces vives de la nation.
L’article 8 de cet accord ainsi stipulé : « Le HTC se réunit régulièrement, en session ordinaire et au moins une fois par mois, avec le Premier ministre. Toutes ses décisions sont prises par consensus ou, à défaut, par vote à la majorité simple. Celles-ci sont transmises, sous forme de résolutions, au Conseil des ministres via le Premier ministre. Les membres du HTC participent au conseil des ministres sans voix délibérative », laisse entrevoir que le HTC vient tout simplement renforcer le pouvoir quasi absolu du Premier Ministre de facto, soutient la plateforme.
Elle se dit étonnée de la déclaration de l’Union Européenne en date du 13 janvier 2023 appelant à la mise œuvre de ce “soi-disant accord inclusif” en ignorant l’opacité la plus totale dans laquelle ledit accord a été négocié et au mépris des contestations de nombreux et importants acteurs politiques et sociaux dans le pays.
“Cette position de l’Union Européenne ne pourra que renforcer les dérives autocratiques et. par conséquent, contre-productive à la recherche d’un véritable accord négocié et consensuel d e sortie de crise”, selon la POHDH.
Elle souligne que dans ce contexte de chaos politico-institutionnel où les trois pouvoirs de l’Etat sont quasiment inexistants, la POHDH croit fermement que seul un « vrai consensus » construit dans la transparence et la participation
effective des acteurs clés de la nation permettra de sortir le pays de l’instabilite politique dans laquelle il est plongé.
« Sans ce consensus, li n’y aura pas de CEP crédible capable d’organiser des élections democratiques et transparentes mobilisant une participation populaire significative », insiste la POHDH.