PORT-AU-PRINCE, dimanche 24 septembre 2023– Réagissant au conflit haitiano-dominicaine, la plateforme des organisations haïtiennes des droits humains (POHDH) estime que la tension liée à l’utilisation de la rivière massacre répond à un enjeu majeur de droits humains et de souveraineté alimentaire.
L’organisation souligne que la rivière massacre constitue un cours d’eau international conformément à la Convention des Nations-Unies de 1997 qui établit des principes généraux pour un usage juste et équitable des ressources en eaux partagées.
Selon la POHDH, ‘‘il y a le traité bilatéral de 1929 entre Haïti et la République Dominicaine qui constitue un élément fondamental en matière de gestion de cette rivière qu’il convient de respecter.’’
Dans un communiqué, elle critique le manque de volonté de la République dominicaine de respecter et de faire respecter les documents légaux traitant de la gestion et de l’utilisation de la rivière massacre.
« L’Etat dominicain abuse de son droit à l’utilisation de cette ressource transfrontalière et semble s’accorder un droit de veto sur tout projet haïtien d’exploitation de cette ressource. Les onze (11) prises d’eau dominicaines sur la rivière sont créés sans consultation », déclare la POHDH.
Elle reproche à l’Etat haïtien d’être passif et de n’avoir jamais veillé au respect des principes dans les initiatives de la partie voisine, à exiger que l’Etat Dominicain respecte les lois dans ses différentes prises sur la rivière. ‘‘Par ce comportement, selon la POHDH, l’Etat haïtien se fait complice de l’Etat dominicain au détriment des intérêts du peuple haïtien.’’
L’organisation déclare encourager l’initiative des paysans de Ferrier et de Ouanaminthe qui, ‘‘face à l’incompétence et l’indifférence de l’Etat haïtien, décident de continuer le travail sur la rivière massacre, en vue de faire face à un manque d’eau pour l’irrigation des terres dans la plaine de Maribaroux, dans le but de défendre leur droit à l’alimentation, et de créer des emplois locaux.’’
Cependant, elle met en garde contre’’ toutes les manœuvres de récupération politique et politicienne de cette initiative héroïque, louable des paysans visant à réduire la dépendance alimentaire du pays. La résistance des paysans consiste à faire valoir les droits et les engagements d’Haïti d’utiliser cette ressource en eau partagée’’, ajoute la POHDH.
Elle se dit persuadée que ce différend doit être résolu par le dialogue, de manière pacifique et équitable en tenant compte des intérêts de chaque pays au regard des conventions, traités et accords régissant la matière.
Toutefois, la POHDH dénonce ‘‘les mesures de représailles adoptées par l’Etat Dominicain contre les haïtiens ainsi que la fermeture unilatérale de la frontière en violation de l’article 13 la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (DUDH), l’article 12 du Pacte International relatif aux droits Civils et Politiques (PIDCP) garantissant le droit à la libre circulation.’’
Vendredi, Ariel Henry a plaidee a la tribune des Nations-Unies, en faveur du ‘‘droit souverain du peuple haïtien d’utiliser les ressources hydriques binationales, comme le fait la République Dominicaine et revendique une répartition équitable des eaux de cette rivière.’’