La POHDH et ECC interpellent la Cour Supérieure des Comptes à conduire un audit de la gestion de l’Office de la Protection du Citoyen sous l’administration de Renan Hédouville…

COUR DES COMPTES ET DU CONTENTIEUX ADMINISTRATIF (CSCCA)

PORT-AU-PRINCE, jeudi 14 novembre 2024 La Plateforme des Organisations Haïtiennes des Droits Humains (POHDH) et Ensemble Contre la Corruption (ECC) sollicitent la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif (CSCCA), présidée par M. Rogavil Boisguéné, pour mener un audit exhaustif sur la gestion de l’Office de la Protection du Citoyen (OPC) sous la direction de Me Renan Hédouville. Ce dernier, ayant achevé son mandat de sept ans, non renouvelable, le 29 octobre 2024, laisse derrière lui des préoccupations persistantes quant à la transparence et l’intégrité des pratiques au sein de cette institution.

Les organisations soulignent des allégations de népotisme ayant affecté les processus de recrutement et de promotion, marqués par des nominations de proches de Me Hédouville à des postes de responsabilité, sans appels publics à candidature. Pour la POHDH et ECC, cette situation trahit les principes de mérite et de transparence auxquels l’OPC devrait se conformer, compromettant ainsi la crédibilité de l’institution.

Par ailleurs, la gestion des fonds de déplacement internationaux suscite des interrogations. Selon la POHDH et ECC, seuls des proches de Me Hédouville auraient bénéficié de ces missions à l’étranger, parfois sans justification formelle. Des dépenses significatives, incluant des per diem et des billets d’avion pour des voyages non effectués, n’auraient pas été restituées au Trésor public, ce qui ajoute aux soupçons de mauvaise gestion financière.

La gestion des fonds provenant de partenaires internationaux constitue un autre motif de préoccupation. Les organisations révèlent que le soutien d’Avocats Sans Frontières Canada (ASFC) aurait été retiré à l’OPC en raison de suspicions de malversations et de détournements de fonds. Elles mentionnent également que des montants versés par ONU Femmes, l’UNICEF et le PNUD auraient été administrés de manière irrégulière, avec des allégations de versements de salaires à des membres de la famille de Me Hédouville. Ces pratiques, selon la POHDH et ECC, nuisent à la gestion des ressources internationales et entachent la réputation de l’OPC.

La question de la transparence est également soulevée concernant la publication des rapports d’activités. Depuis 2018, l’OPC n’aurait publié qu’un seul rapport annuel, malgré les exigences de la loi du 3 mai 2012 imposant la publication annuelle d’un rapport sur l’état des droits humains en Haïti. Cette omission nourrit davantage les inquiétudes concernant la gouvernance au sein de l’institution.

Les organisations mettent également en avant la perte de l’accréditation de l’OPC auprès de la Global Alliance of National Human Rights Institutions (GANHRI), en raison de carences dans la gestion des ressources humaines et d’un manque d’indépendance. Cette reconnaissance, reportée à 2026, affecte la position de l’OPC sur la scène internationale.

Face à ces préoccupations, la POHDH et ECC pressent la CSCCA de procéder à un audit rigoureux qui permettrait d’éclaircir ces manquements présumés et de restaurer la transparence au sein de l’OPC. Pour elles, une institution consacrée à la défense des droits humains doit être irréprochable dans ses pratiques administratives et financières.

Dans ce contexte, un nouvel espoir se dessine avec la nomination du magistrat Jean Wilner Morin en tant que nouveau protecteur du citoyen par arrêté en date du 12 novembre. Il remplace ainsi Me Renan Hédouville, dont le mandat est arrivé à expiration. Cette transition intervient à un moment critique pour l’OPC, appelée à renforcer son engagement en faveur de la transparence et à regagner la confiance des citoyens haïtiens.