PORT-AU-PRINCE, mardi 10 décembre 2024– Ce 10 décembre 2024 marque une double célébration pour la Plateforme des Organisations Haïtiennes des Droits Humains (POHDH). En cette journée, la communauté internationale commémore le 76ᵉ anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH), tandis que la POHDH célèbre son 33ᵉ anniversaire, soulignant ainsi des décennies de lutte ininterrompue pour la défense des droits fondamentaux en Haïti. Fondée le 10 décembre 1991 dans un contexte de crises, de violences et de persécutions politiques, la POHDH demeure un pilier de la société civile haïtienne.
À cette occasion, la POHDH a rendu un hommage appuyé aux militants et organisations membres qui, depuis des décennies, luttent pour la liberté, la justice et la dignité humaine. Parmi eux, elle a salué la mémoire de figures telles que Daniel Dorsainvil, Guerldy Larèche, Monferrier Dorval, Marie Antoinette Duclaire, Diego Charles, et d’autres encore, tombés en défendant ces idéaux.
Cependant, ce double événement se déroule dans un climat marqué par une crise sociopolitique et sécuritaire sans précédent. La POHDH a exprimé sa vive préoccupation face à la montée des violations massives et systématiques des droits humains en Haïti. Depuis le début de l’année 2024, l’insécurité générée par les gangs armés, regroupés sous la coalition « Viv Ansanm », a fait plus de 3 000 morts et causé le déplacement forcé de plus de 600 000 personnes. Ces violences, combinées aux attaques contre les prisons et les institutions publiques, ont plongé le pays dans une crise humanitaire profonde.
Les droits fondamentaux à la vie, à la sécurité, et à l’intégrité physique sont bafoués quotidiennement. De plus, les droits sociaux tels que l’accès à la santé, à l’éducation, au logement et à l’alimentation sont également en péril. Avec plus de 5,6 millions d’Haïtiens vivant dans une insécurité alimentaire sévère et la fermeture de 35 institutions sanitaires, la situation humanitaire est alarmante.
À cela s’ajoutent les déportations massives de plus de 70 000 ressortissants haïtiens depuis la République dominicaine, souvent dans des conditions jugées inhumaines et en violation de leurs droits.
La POHDH a également critiqué le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) pour son incapacité à rétablir l’ordre public et à répondre aux attentes de la population. Elle a dénoncé l’inaction face aux massacres récents dans des localités telles que Gressier, Pont Sondé, Arcahaie et Cité Soleil.
Dans cet esprit, la POHDH appelle les autorités de la transition à prioriser la sécurité, la lutte contre la corruption, et le renforcement des institutions. Elle exhorte également la société civile haïtienne à rester mobilisée et solidaire face aux défis actuels, tout en réitérant son propre engagement en faveur de la défense des institutions républicaines et des droits garantis par la Constitution de 1987 et les instruments internationaux ratifiés par Haïti.
La POHDH réaffirme son rôle de vigie dans la lutte pour un État de droit, une gouvernance responsable, et le respect des droits humains en Haïti.