La Plateforme des Organisations Haïtiennes des Droits Humains (POHDH) dénonce l’initiative “illégale” du Conseil Présidentiel de Transition d’organiser un référendum constitutionnel en mai 2025…

PORT-AU-PRINCE, jeudi 20 février 2025-La Plateforme des Organisations Haïtiennes des Droits Humains (POHDH), qui regroupe plusieurs organisations de défense des droits humains, a dénoncé avec fermeté les démarches entreprises par le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) en vue de l’organisation d’un référendum constitutionnel fixé au 11 mai 2025. Selon la POHDH, cette initiative est non seulement illégale au regard de la Constitution haïtienne de 1987, mais elle est également inopportune dans un contexte d’extrême insécurité qui paralyse le pays.

La POHDH rappelle que l’accord du 3 avril 2024, qui définit les attributions du CPT, évoque la nécessité d’une réforme constitutionnelle, mais ne prévoit nullement l’organisation d’un référendum. Or, la Constitution haïtienne de 1987, en son article 284.3, interdit formellement toute modification constitutionnelle par voie référendaire. « Cette tentative du CPT constitue une violation flagrante des principes constitutionnels et démocratiques. En outre, la situation sécuritaire catastrophique actuelle empêche toute consultation populaire crédible », a dénoncé la Plateforme.

L’organisation a également fustigé l’ambiguïté et l’opacité qui entourent la mise en place de ce processus. Elle souligne que depuis la création du comité de pilotage de la conférence nationale jusqu’à l’annonce du référendum, aucune mesure concrète de transparence n’a été prise. « Le déficit criant de légalité, de représentativité et de crédibilité qui caractérise chaque étape de cette initiative renforce les inquiétudes sur la sincérité du projet », indique la POHDH.

Sur le plan économique, la Plateforme critique sévèrement l’énorme coût du référendum, estimé entre 60 et 90 millions de dollars américains. « Dans un pays où la majorité de la population vit dans une précarité extrême et où l’insécurité atteint des niveaux alarmants, un tel gaspillage de ressources est une insulte à la souffrance du peuple haïtien », déclare-t-elle.

La POHDH souligne également que la Constitution de 1987, bien qu’imparfaite, n’a jamais été appliquée dans son intégralité. « Avant de vouloir la modifier, il aurait fallu la mettre en œuvre entièrement. C’est une erreur de la juger inefficace alors que ses principes fondamentaux n’ont jamais été respectés par les gouvernements successifs », insiste l’organisation.

Tout en reconnaissant qu’une réforme constitutionnelle peut être nécessaire, la POHDH estime qu’elle ne peut se faire à la hâte, sans consensus national et dans des conditions socio-politiques chaotiques. « Il est impératif que toute réforme soit issue d’un large dialogue inclusif, dans le respect des principes démocratiques, et qu’elle garantisse la participation réelle et éclairée de tous les citoyens », martèle la déclaration.

La priorité, selon la POHDH, doit être la résolution de la crise sécuritaire qui gangrène le pays. « L’insécurité actuelle empêche l’exercice des droits les plus fondamentaux de la population. Comment prétendre organiser un référendum alors que les citoyens ne peuvent même pas circuler librement ou exercer leur droit de vote en toute sécurité ? » interroge l’organisation.

La POHDH exhorte donc le CPT et les autorités à reconsidérer cette initiative et à concentrer leurs efforts sur l’établissement d’un climat de sécurité et de stabilité. Elle insiste sur le fait qu’aucune réforme constitutionnelle ne doit être entreprise en dehors des principes démocratiques et que l’ordre public doit être rétabli avant toute initiative de cette envergure.

La POHDH réaffirme son engagement à défendre les droits humains et à œuvrer pour une transition politique respectueuse de la volonté populaire et des principes démocratiques. « Les autorités doivent mettre fin à l’impunité et à la corruption qui gangrènent l’État haïtien, et placer les besoins fondamentaux de la population au cœur de leurs priorités », conclut la Plateforme.