La Mission multinationale d’appui à la sécurité en Haïti prolongée jusqu’en 2025, dirigée par le Kenya, avec une implication croissante de la communauté internationale…

Des policiers a Port-au-Prince...

NEW-YORK, lundi 30 septembre 2024– Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté lundi une résolution unanime prolongeant jusqu’au 2 octobre 2025 le mandat de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS) en Haïti. Cette mission, dirigée par le Kenya, a été établie pour aider la Police nationale d’Haïti à lutter contre l’emprise croissante des gangs violents qui déstabilisent le pays depuis plusieurs années. Le déploiement des forces internationales et la coordination avec les autorités haïtiennes sont désormais au centre des efforts pour restaurer la sécurité et préparer le terrain à des élections législatives et présidentielles attendues.

Le premier contingent kenyan, composé d’environ 400 policiers, a été déployé fin juin. Ces forces avaient pour mission initiale de renforcer la capacité d’action de la Police nationale d’Haïti, confrontée à une montée en puissance des gangs, particulièrement dans les zones urbaines les plus vulnérables du pays. Mi-juillet, un second contingent kenyan de 200 policiers est arrivé pour renforcer cette première unité. Par la suite, en septembre, des policiers de la Jamaïque ont rejoint l’effort multinational, marquant ainsi l’élargissement de la coopération régionale.

D’autres pays ont également promis de contribuer à cette mission en envoyant des renforts. Parmi eux, les Bahamas, le Bangladesh, la Barbade, le Belize, le Bénin et le Tchad, qui se sont engagés à fournir des contingents pour renforcer la présence sur le terrain. Au total, la Mission multinationale devrait compter environ 2 500 officiers de police. Ces efforts internationaux visent à stabiliser le pays et à appuyer les autorités locales, mais la Mission, bien qu’elle bénéficie du soutien du Conseil de sécurité de l’ONU, n’est pas formellement une mission de paix des Nations Unies.

Dans la résolution adoptée lundi, les membres du Conseil de sécurité ont exhorté à un déploiement accéléré de la mission et à une augmentation des contributions volontaires des pays membres. Ils se sont déclarés profondément préoccupés par la détérioration rapide de la situation sécuritaire en Haïti, où les violences des gangs, les activités criminelles, et les déplacements massifs de la population s’intensifient chaque jour.

La résolution souligne également l’importance de mener un processus politique dirigé par les Haïtiens eux-mêmes, avec pour objectif la tenue d’élections présidentielle et législatives libres et régulières. La Mission multinationale a pour mandat central de créer les conditions de sécurité nécessaires à la réalisation de ce processus électoral, qui est vu comme un élément essentiel du rétablissement d’un cadre politique stable en Haïti.

Néanmoins, de nombreux défis se dressent encore devant la MMAS et la communauté internationale. Le déploiement des forces étrangères, bien qu’indispensable dans le contexte actuel, doit s’accompagner d’une coopération étroite avec les autorités haïtiennes pour éviter toute perception d’ingérence extérieure. Il est crucial que cette mission soit perçue par la population haïtienne comme une assistance dans la reconstruction de la sécurité et de l’ordre, et non comme une intervention qui pourrait compromettre la souveraineté nationale.

L’engagement de plusieurs pays montre cependant que la communauté internationale semble prendre la mesure de la gravité de la situation en Haïti. Toutefois, le financement et la coordination des contingents internationaux seront des facteurs clés pour garantir la pérennité de la mission. Le succès de la MMAS dépendra non seulement de l’envoi rapide des troupes promises, mais aussi de la capacité des autorités haïtiennes à maintenir un dialogue inclusif et à initier des réformes politiques de fond, visant à rétablir la confiance des citoyens dans leurs institutions.

Enfin, la tâche de la mission multinationale sera complexe et ses résultats incertains si elle n’est pas accompagnée d’un soutien politique et économique de long terme. Le rétablissement de la sécurité à court terme doit s’inscrire dans une stratégie plus globale, intégrant le développement des infrastructures, la lutte contre la corruption, et le renforcement de la justice. Seul un tel cadre peut permettre à Haïti de sortir durablement de la crise, en créant les bases d’une société où la sécurité, le développement et la démocratie pourront coexister.

La prolongation du mandat de la MMAS jusqu’en 2025 montre que la communauté internationale anticipe une intervention de longue durée. Cependant, si le déploiement des forces multinationales est essentiel, il ne suffira pas à lui seul pour résoudre les profondes crises politiques et sociales qui minent Haïti. Le soutien financier, technique et diplomatique doit continuer d’affluer, tout en assurant que les Haïtiens eux-mêmes restent les principaux acteurs de la résolution de leur crise nationale.