PORT-AU-PRINCE, vendredi 6 decembre 2024– La mission de sécurité multinationale en Haïti, dirigée par des forces kényanes sous l’égide des Nations Unies, a fermement réfuté les informations selon lesquelles certains de ses agents n’auraient pas reçu leur salaire depuis plusieurs mois.
Dans une déclaration publiée ce vendredi, la Mission Multinationale de Soutien à la Sécurité (MSS) a affirmé « réfuter catégoriquement » les allégations selon lesquelles ses officiers auraient passé trois mois sans être payés.
« Tous les membres du MSS ont perçu leurs salaires, y compris leurs indemnités mensuelles, et aucun officier n’a démissionné, comme cela a été allégué », peut-on lire dans le communiqué.
La MSS a également insisté sur la motivation de ses agents et leur engagement à soutenir la Police Nationale d’Haïti (PNH) dans des opérations décisives visant à démanteler les réseaux de gangs et à rétablir la stabilité dans le pays.
Ces accusations interviennent alors que la mission peine à avoir un impact tangible dans un contexte où les gangs armés continuent de semer la violence, plongeant les civils dans une situation désespérée et déstabilisant davantage le pays. Selon les estimations des Nations Unies, jusqu’à 85 % de la capitale, Port-au-Prince, est désormais sous le contrôle des gangs, et plus de 700 000 personnes sont déplacées à travers le pays.
Un reportage exclusif de l’agence Reuters, publié vendredi, affirme que près de 20 officiers kényans auraient quitté la MSS en raison de retards de paiement et de mauvaises conditions de travail. Reuters cite trois sources anonymes pour étayer ses affirmations. Toutefois, la MSS a déclaré que Reuters n’avait pas sollicité ses commentaires avant publication, bien que l’agence de presse maintienne l’exactitude de son article.
Depuis son arrivée en Haïti en juin dernier, la mission, déjà sous haute surveillance en raison des échecs passés des interventions étrangères dans le pays, n’a réalisé que peu de progrès.
Les défis financiers se sont manifestés dès le début de la mission. Conçue initialement pour mobiliser 2 500 agents, elle n’en compte actuellement qu’environ 400, tous envoyés par le Kenya. Des interrogations persistent quant à la pérennité du financement assuré principalement par les États-Unis. Bien que l’administration de Joe Biden ait soutenu l’initiative kényane, l’arrivée de Donald Trump à la présidence en 2025 laisse planer une incertitude sur la poursuite de cet appui.
Face aux difficultés de financement, des responsables américains et internationaux ont proposé de transformer la mission en une opération de maintien de la paix sous l’égide de l’ONU. Cependant, les souvenirs amers de la précédente mission de maintien de la paix en Haïti, qui s’est achevée en 2017 après avoir été impliquée dans la réintroduction du choléra et des accusations d’agressions sexuelles, continuent de susciter la méfiance.