Port-au-Prince, 26 juillet 2020- Des milliers de chrétiens protestants et de militants politiques ont foulé le macadam ce dimanche 26 juillet , à Port-au-Prince pour exprimer leur désaccord avec les récents décrets pris par l’administration de Jovenel Moïse, notamment celui relatif au nouveau code pénal haïtien.
Cette marche pacifique convoquée par des organisations de la communauté protestante dont la Fédération Protestante d’Haïti (FPH), le Conseil National Spirituel des Eglises Haïtiennes (CONASPEH) et d’autres missions évangéliques, a vite été transformée en manifestation anti-gouvernementale par les militants politiques qui ont fustigé le comportement du régime en place qu’ils accusent de vouloir livrer le pays au diable.
En plus du retrait immédiat des décrets sur l’identité et sur le code pénal, les manifestants très virulents dans leurs propos, ont également exigé le départ du président Jovenel Moïse qu’ils reprochent de n’avoir rien fait pour améliorer les conditions de vie des haïtiens.
‘’Retirez vos décrets immoraux et de malédiction monsieur le président sinon nous bloquerons le pays par des manifestations incessantes. Donnez-nous à manger, de l’électricité, du travail, du logement, des écoles, des universités, de la sécurité et des infrastructures au lieu des décrets qui corrompent nos mœurs, a lancé André Muscadin, pasteur de l’église Shalom.’’
La dirigeante du CONASPEH, Françoise Villier a appelé le chef de l’Etat à ne pas résister à la voix des chrétiens qui exigent le retrait des décrets qu’ils qualifient de sataniques et contraires à leur foi et à la constitution du pays.
‘’Nous représentons 52% de la population, notre voix compte beaucoup dans le débat socio-politique. Quand nous parlons, on doit nous écouter, sinon nous pouvons changer la donne, a-t-elle averti sur un ton ferme.’’
Prenant la parole à son tour, le pasteur Gérald Bataille a exhorté le président de la République à faire le retrait du code pénal dès cette semaine arguant que le secteur protestant ne fera aucun compromis sur sa position par rapport à cette exigence.
‘’Si vous avez déjà pratiqué l’inceste, la bestialité ou les relations entre deux hommes, c’est votre affaire mais ne venez pas nous l’imposer. Nous ne sommes pas prêts à l’accepter et rien ne pourra nous faire avaler votre dLa marche des chrétiens protestants contre le code pénal, transformée en manifestation anti-gouvernementalecret immoral, a lancé Gérald Bataille à l’endroit du président de la République.’’
Les chrétiens qui ont marché dans une ambiance ponctuée de chants et de musiques d’adoration et de louange, ont crié qu’ils n’en peuvent plus.
Quant aux militants et dirigeants politiques de l’opposition présents à cette marche, ils croient qu’il ne suffit pas de réclamer le retrait des décrets jugés immoraux, contraires à la culture, aux mœurs et à la constitution haïtienne.
Selon eux, c’est l’ensemble du système en place dont Jovenel Moïse est le gardien qu’il faut renverser pour créer de meilleures conditions de vie pour les haïtiens et refonder l’Etat pour qu’il soit aussi au service de ceux qui ont toujours été tenus à l’écart.
Se félicitant de la mobilisation des chrétiens protestants, l’ancien député Serge Jean-Louis, porte-parole du MOPOD (Mouvement Patriotique Populaire Dessalinien) croit que cette initiative est un bon signe pour la relance de la mobilisation en vue d’obtenir la démission du président Jovenel Moïse avant la fin constitutionnelle de son mandat le 7 Février 2021. Serge Jean-Louis dit souhaiter que les chrétiens puissent aussi marcher contre l’impunité, l’insécurité, la corruption, la gangstérisassion, la misère et tout ce qui constitue une plaie pour le pays.
L’ancien sénateur Carlos Lebon estime pour sa part que, le pays vit dans un contexte exceptionnellement difficile où en plus de la misère et de l’insécurité chronique, le pouvoir en place veut imposer aux haïtiens des pratiques contre-nature et contraires non seulement à la bible mais à la constitution.
Des militants du parti ‘’Ayiti AN Aksyon’’ (AAA) ont également dénoncée la politique du régime en place et réclamé son départ sans condition.
Les chrétiens protestants ont marché par millier ce dimanche à Léogane, dans le département de l’Ouest pour exiger le retrait du code pénal.
Au Cap-Haïtien, à Saint-Marc et à Jérémie, des chrétiens ont déjà manifesté également pour les mêmes raisons. Ils promettent de maintenir la mobilisation jusqu’à satisfaction de leurs revendications.
Le premier ministre Jouthe Joseph s’est déjà entretenu avec le président de la Fédération Protestante d’Haïti (FPH) Calixte Fleuridor, aucune décision n’a encore été annoncée.