PORT-AU-PRINCE, vendredi 7 juillet2023– Le centre d’analyse et de recherches en droit de l’homme (CARDH) relève très peu de progrès dans l’enquête en cours sur l’assassinat du président Jovenel Moïse.
‘‘Deux ans après l’assassinat du président Jovenel Moïse par des mercenaires colombiens et des ex agents des services secrets américains, aidés par des unités de la sécurité présidentielle, la justice haïtienne fait du surplace, sinon cinq juges d’instructions qui ont déjà été désignés à tour de rôle pour instruire le dossier. Les quatre premiers avaient chacun une raison pour s’en dessaisir’’, écrit CARDH.
Selon CARDH, le dernier, Walter Wesser Voltaire, dont le délai d’instruction est arrivé à terme depuis le 30 octobre 2022, décide de garder le dossier, en violation de la loi sur l’instruction et au mépris du parquet, juridiction de la poursuite pour laquelle il instruit, et du doyen, administrateur du tribunal.
‘‘Parallèlement, déclare CARDH, la justice américaine avance à grand pas dans son enquête. Rodolphe Jaar, un des 11 suspects détenus aux États-Unis, a été condamné à la prison à vie le 2 juin 2023. Le procès des autres suspects est programmé pour le mois de mai 2024.’’
Selon l’organisation, ‘‘en tant que crime transnational et face aux limites de la justice haïtienne (problèmes politiques, de procédure, de sécurité, de compétences…) fragilisée davantage par l’enquête de la justice américaine, une autre famille juridique (Common Law) disposant d’une grande machine pour exercer ses compétences extraterritoriales, le dossier de l’assassinat du président Jovenel Moïse devrait être traité par un tribunal spécial ou une chambre spéciale pour une justice efficace.
‘‘C’est une obligation de la coopération internationale découlant de la morale et de la solidarité internationales’’, croit CARDH qui fait référence, notamment aux chambres extraordinaires des tribunaux cambodgiens ; au tribunal spécial pour le Liban ; au tribunal pour la Sierra Leone ; aux chambres extraordinaires africaines ; aux chambres spécialisées pour le Kosovo et au cour pénale spéciale en République centre africaine.