PORT-AU-PRINCE, samedi 22 juin 2024– Selon un rapport de la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif (CSCCA), la gestion du Programme d’Urgence Multisectoriel (PUM) a été entachée par un manque de stratégie, une mauvaise organisation et une coordination défaillante. Mis en place en avril 2023 par le Gouvernement d’Ariel Henry en partenariat avec le Fonds Monétaire International (FMI), le PUM visait à répondre à l’insécurité alimentaire et à renforcer les dispositifs de protection sociale.
Financé par le Trésor Public et le FMI à travers le mécanisme Food Shock Window (FSW), le PUM a mobilisé des ressources importantes sous la supervision de l’Inspection Générale des Finances (IGF) et de la CSCCA pour garantir la conformité financière et opérationnelle des dépenses engagées. Malgré ces mesures de supervision, le rapport de la CSCCA souligne des faiblesses structurelles majeures dans la gestion du programme.
Le Programme d’Urgence Multisectoriel (PUM) avait pour objectifs principaux d’atténuer l’insécurité alimentaire, de réinsérer socialement les groupes vulnérables et de renforcer les dispositifs de protection sociale à travers divers projets sectoriels.
Le MAST, par exemple, a géré directement sept projets sectoriels avec un financement total de 408 750 000 gourdes, représentant 30.85% des crédits budgétaires planifiés. Les projets incluent la réinsertion socio-professionnelle des jeunes (75 000 000 G), le renforcement des centres d’accueil (75 000 000 G), l’appui au renforcement des directions départementales (25 000 000 G), la mise à jour du SIMAST (68 750 000 G), le PSARA (100 000 000 G), la communication et visibilité (15 000 000 G) et le suivi-évaluation et rapportage (50 000 000 G).
Cependant, la CSCCA a identifié un déficit d’orientations stratégiques, affectant la capacité du PUM à atteindre ses objectifs. De plus, la mauvaise organisation a entraîné des inefficacités significatives dans l’exécution des projets. La coordination entre les différentes entités impliquées a été jugée défaillante, exacerbant les problèmes de gestion et réduisant l’impact global du programme.
Le MARNDR, impliqué dans l’appui au Sous-programme de sécurité alimentaire, a également souffert de ces faiblesses structurelles. Le MENFP, bien que distribuant des transferts monétaires aux parents d’écoliers pour soutenir l’éducation des enfants dans les familles vulnérables, a vu ses efforts entravés par le manque de coordination.
Le MDE et le MTPTC, chargés de mettre en œuvre des projets de Haute Intensité de Main-d’œuvre (HIMO) pour favoriser l’emploi et améliorer les infrastructures environnementales, ont également été affectés par ces insuffisances organisationnelles.
Le MCI, qui a soutenu les micros, petites et moyennes entreprises (MPME) et subventionné le transport en commun, a également été impacté par la mauvaise gestion globale du programme. Le FAES, responsable de la mise en place du cadre de coopération et de la planification financière des interventions, a effectué des paiements réguliers aux ouvriers dans le cadre des projets HIMO, totalisant 589 285 000 G, mais ces efforts ont été amoindris par les failles identifiées par la CSCCA.
La CSCCA recommande une amélioration substantielle de la planification stratégique, une organisation plus robuste et une coordination renforcée entre les différentes entités impliquées. Ce rapport met en lumière l’importance cruciale d’une gestion optimale des ressources publiques pour atteindre les objectifs de développement et de protection sociale en Haïti.