SAINT-DOMINGUE, lundi 2 octobre 2023– La Fondation Zile (FZ) estime que la crise autour du canal aujourd’hui comprend quatre acteurs : le gouvernement haïtien, le gouvernement dominicain et les associations paysannes haïtiennes et dominicaines impliquées.
La Fondation cite notamment, Haïti qui défend son droit souverain d’usage des eaux de la rivière ; la République Dominicaine qui défend son droit de regard sur l’usage que peut faire sa voisine des eaux de la rivière ; les communautés rurales de Ferrier et de Ouanaminthe qui font face à une sécheresse et un besoin réel d’irrigation pour leurs plantations ; et, les agriculteurs dominicains de la Vigie et de Cabonero qui sont inquiets de ne pas pouvoir recevoir en aval l’eau nécessaire à leur culture rizicole ou leur élevage.
Dans un communiqué, elle souhaite que les intérêts de toutes les parties prenantes soient préservés.
Selon cette organisation, ‘‘dans un souci de transparence, toutes les parties prenantes devraient participer au nouveau dialogue autour du canal avec l’observation de la société civile binationale comme gardienne des rapports de fraternité qui doivent perdurer entre les deux peuples de l’ile Quisqueya.’’
Elle se réfère au Traité de 1929 selon lequel les deux nations ont pris l’engagement solennel qui suit : « La République d’Haïti et la République Dominicaine proclament solennellement leur réprobation de la guerre et de tous actes de violence d’une nation contre une autre. »
En vue de viabiliser l’atmosphère sereine nécessaire au retour au dialogue nous recommandons le retrait à leur base des troupes militaires déployées à la frontière ainsi que la réouverture de toutes les frontières avec Haïti et la validation technique formelle des travaux du canal à Ouanaminthe.
De même, poursuit la Fondation Zile, ‘‘nous suggérons la médiation d’une entité insulaire telle que la Conférence Episcopale à travers d’une commission binationale de 3 évêques pour chacune des Parties afin de définir les termes de référence de la relance du dialogue dans les meilleurs délais.’’
La FZ rappelle les deux parties ont signé une déclaration conjointe le
27 mai 2021 dans laquelle elles reconnaissent que la construction du canal ne constitue pas une déviation du cours d’eau ; elles décident de la création d’une Table Hydrique Binationale et laissent ouverte la possibilité de solliciter une assistance technique internationale.
Selon la FZ, au regard de cette Déclaration Conjointe et du Traité du 20 février 1929 Haïti a assumé le droit, d’une part de continuer les travaux de construction du canal et les deux Parties ont manifesté leur intérêt à travailler de manière conjointe pour garantir la gestion durable des bassins hydrographiques transfrontaliers et l’utilisation adéquate des cours d’eau binationaux.
Cependant, la Fondacion Zile déclare ‘‘regrette infiniment d’une part que la Partie haïtienne ait fait montre au début de la crise d’un manque de leadership évident dans la gestion de ce dossier, notamment par son mutisme incompréhensible alors que le sujet dominait l’actualité et provoquait une réunion du Conseil National de sécurité de l’autre côté de l’ile ; d’autre part que la partie dominicaine ait été trop vite en besogne en donnant un ultimatum au lieu d’attendre les conclusions des travaux de la Table Hydrique.’’
La FZ déplore également les mesures de représailles prises par le gouvernement dominicain qui pénalisent les deux peuples, affectant notamment les échanges commerciaux et économiques binationaux, touchant durement les secteurs agricole, avicole, hôtelier, commercial, industriel, transport routier, transport aérien et provoquant, entre autres, des pertes importantes pour les producteurs et hommes d’affaires dominicains et haïtiens dans divers secteurs.