Port-au-Prince, 11 mars 2021– Des zones d’ombre persistent sur les évènements qui se sont produits a la prison civile de la Croix-des-Bouquets, le 25 février 2021 lors d’une évasion spectaculaire, suivie d’un carnage.
Jusqu’au 8 mars 2021 l’appel numérique n’a jamais été effectué à la prison. Les responsables de la DAP ont déplacé les archives de la prison et ne les ont toujours pas retournées pour faciliter l’appel, selon le rapport de la FJKL qui précise qu’aucune fouille n’est encore effectuée à la prison.
Apres avoir établi la complicité et la négligence de l’Etat dans ce qui s’est passé, la FJKL interpelle les autorités en place a assumer leurs responsabilités.
Elle recommande au commissaire du Gouvernement près le Tribunal de Première Instance de la Croix-des-Bouquets de mettre l’action publique en mouvement contre les auteurs, complices de cette évasion spectaculaire pour que toute la lumière soit faite sur cette question, les sanctions pénales appropriées prononcées par un tribunal indépendant et impartial et qu’un exemple soit tracé sur cette pratique d’évasion devenue une banalité dans la gestion du système carcéral haïtien.
Elle recommande à l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC) de diligenter une enquête sur les actes de corruption entourant la gestion du système pénitentiaire haïtien notamment l’enrichissement illicite des agents et autorités pénitentiaires, le commerce de téléphone, de la drogue et d’autres produits illicites à l’intérieur des prisons, les cas de détournement de nourriture et de carburant reprochés aux responsables de la DAP.
Aux responsables de l’Administration Pénitentiaire, elle requiert une attention particulière aux traitements des détenus et au respect de leurs droits de vivre dans la dignité.
Quant au ministère de la justice, la FJKL recommande à ce qu’elle adresse de manière sérieuse la problématique de la détention préventive prolongée ; de mettre en place des programmes de réinsertion sociale en faveur des détenus pour qu’ils ne soient plus considérés comme des gens perdus pour la société.
Elle demande que le Pouvoir judiciaire de respecter les droits des détenus à être jugés dans un délai raisonnable.
La Prison civile de la Croix-des-Bouquets a connu plusieurs évasions et tentatives d’évasion avant les évènements du 25 février 2021.
Le 28 octobre 2019, une dizaine de détenus ont tenté de s’évader au mirador 4, mais le coup a échoué parce que le poste était sécurisé.
La FJKL signale que le 23 juillet 2020, il s’était produit une émeute à la prison, concernant le détenu Arnel JOSEPH qui voulait avoir le privilège d’être seul dans sa cellule, de jouir du droit d’accès au téléphone tous les jours, du droit de visite pour ses parents et amis de manière régulière.
Il a été placé seul dans une cellule, mais avec désormais une entrave fixée aux pieds et dont les clefs étaient gardées par le chef des opérations ou le chef de poste.