La FJKL dénonce l’inaction des autorités face au massacre de Pont-Sondé et l’absence de poursuites judiciaires contre les responsables…

Des membres d'un gang de l'Artibonite...

PORT-AU-PRINCE, vendredi 11 octobre 2024- La Fondation Je Klere (FJKL), dans un rapport détaillé publié récemment, a dénoncé avec force l’inaction des autorités haïtiennes suite au massacre survenu à Pont-Sondé, une petite localité située dans la vallée de l’Artibonite. Cet événement tragique, qui a coûté la vie à au moins 28 personnes selon les premiers rapports, témoigne une fois de plus de la violence incontrôlée qui gangrène le pays. La FJKL, qui a mené une enquête sur place, décrit des scènes de carnage où des hommes, des femmes et des enfants ont été abattus de sang-froid par des membres de gangs armés, alors que les forces de l’ordre locales semblaient totalement impuissantes, voire absentes.

Les faits se sont déroulés le 12 septembre 2024, lorsque des membres du gang “Kraze Baryè”, réputé pour ses exactions dans l’Artibonite, ont fait irruption dans le village, lourdement armés. Les assaillants ont rapidement pris le contrôle des principales artères de Pont-Sondé et ont ouvert le feu sans discrimination sur les habitants. Selon la FJKL, des maisons ont été incendiées, des biens volés et les survivants ont rapporté avoir vu des corps mutilés gisant dans les rues. Outre les 28 morts confirmés, une dizaine d’autres personnes sont encore portées disparues. Parmi les victimes, on dénombre sept enfants et trois femmes, dont certaines ont été violées avant d’être tuées.

Ce massacre n’est pas un acte isolé, souligne la FJKL. Il s’inscrit dans une série d’attaques coordonnées dans la région de l’Artibonite, où les gangs cherchent à étendre leur contrôle sur les terres agricoles et les routes commerciales stratégiques. La FJKL, dans son rapport, rappelle que depuis le début de l’année 2024, plus de 350 personnes ont déjà perdu la vie dans cette région à cause de la violence des gangs, sans que des mesures sérieuses ne soient prises par les autorités pour freiner cette escalade. Le mois d’août, en particulier, a vu un pic de la violence avec une trentaine d’attaques recensées en seulement deux semaines.

L’organisation pointe du doigt la responsabilité directe de l’État haïtien, incapable d’assurer la sécurité de ses citoyens. À Pont-Sondé, malgré les nombreux avertissements émis par la population et les autorités locales concernant la montée en puissance des groupes armés, aucune intervention de la police nationale n’a eu lieu pour prévenir cette tragédie. La FJKL accuse les autorités de connivence avec les gangs, estimant que cette inaction systématique ne peut être le simple fruit de la négligence.

Au-delà de la violence physique, la FJKL attire également l’attention sur les conséquences économiques et sociales désastreuses de ces massacres. Pont-Sondé, comme d’autres localités de l’Artibonite, dépend fortement de l’agriculture pour sa subsistance. Avec la fuite de la population et la destruction des infrastructures locales, les terres agricoles ont été abandonnées, aggravant la crise alimentaire déjà sévère dans cette région. Depuis janvier 2024, environ 60 000 personnes ont été déplacées dans l’Artibonite, fuyant les violences des gangs, et beaucoup se trouvent aujourd’hui dans des camps de fortune, sans accès à des soins de santé ou à des services de base.

Dans ce contexte, la FJKL appelle à une intervention immédiate des autorités haïtiennes et de la communauté internationale pour rétablir l’ordre et protéger les populations civiles. L’organisation réclame une enquête indépendante et transparente pour identifier les responsables de ces actes et les traduire en justice. Elle souligne que, jusqu’à présent, aucune arrestation n’a été effectuée en lien avec le massacre de Pont-Sondé, renforçant le climat d’impunité qui règne dans le pays. Selon la FJKL, le gouvernement haïtien, s’il continue d’ignorer cette crise sécuritaire, risque de perdre totalement le contrôle de l’Artibonite, au profit des gangs.

La FJKL rappelle que les droits fondamentaux de la population haïtienne sont constamment bafoués, et que les massacres comme celui de Pont-Sondé ne doivent pas être traités comme des faits divers. Ils sont les symptômes d’une déliquescence profonde de l’État et d’une crise de gouvernance qui doit être résolue au plus vite pour éviter que la violence ne se propage encore davantage dans d’autres régions du pays.

.