PORT-AU-PRINCE, jeudi 18 juillet 2024 – Dans une lettre ouverte au Conseil Présidentiel de Transition (CPT), le Conseil Exécutif de la Conférence des Pasteurs Haïtiens (COPAH) accuse la Fédération Protestante d’Haïti (FPH) de compromettre les efforts de transition démocratique par des pratiques anti-démocratiques. La COPAH allègue que la FPH, influencée par des secteurs antinationaux responsables de la déstabilisation du pays, cherche à imposer son propre représentant au Conseil Électoral Provisoire (CEP), ignorant ainsi les autres organisations religieuses.
Le Conseil Exécutif de la COPAH félicite néanmoins les membres du CPT pour leur dévouement à la reconstruction de la nation haïtienne. Ce sacrifice est particulièrement loué pour les efforts visant à rétablir le CEP afin d’organiser des élections transparentes, dotant ainsi le pays de dirigeants légitimes et renforçant les institutions démocratiques à l’issue de la transition prévue pour le 7 février 2026. Cependant, cet engagement rencontre des obstacles inattendus, notamment de la part de la FPH.
Dans une correspondance datée du 13 juillet 2024, la COPAH a exigé la formation d’une commission représentant diverses organisations pour superviser la sélection du représentant des cultes réformés. Cependant, la FPH a unilatéralement désigné un de ses membres, écartant ainsi toute démarche consensuelle et démocratique. La COPAH dénonce cette action comme une violation des droits des autres organisations et une tentative de semer la division au sein du secteur protestant.
La COPAH accuse la FPH de manœuvres douteuses et de magouilles visant à servir ses propres intérêts et ceux de ses alliés des secteurs ayant contribué à la ruine du pays. Selon le Conseil Exécutif de la COPAH, la FPH s’est servie de son rôle de coordonnatrice pour sélectionner un membre de son choix, ignorant ainsi les propositions d’une démarche consensuelle et démocratique afin que le processus puisse se dérouler sans contestation. Cette décision unilatérale est perçue comme une violation du droit des autres organisations à participer à la pré-sélection et à garantir un choix final basé sur un large consensus .
La COPAH exhorte donc le CPT à rejeter le choix de la FPH pour garantir un processus électoral crédible. Accepter ce choix, selon la COPAH, ouvrirait la porte à la contestation et risquerait de plonger le pays dans une nouvelle crise électorale. Le Conseil Exécutif de la COPAH souligne que la crise actuelle en Haïti est en partie attribuée à des élections frauduleuses orchestrées avec la complicité d’éléments locaux et d’influences étrangères. La COPAH rappelle que la mission historique du pouvoir de transition est de rompre avec ces pratiques et de restaurer la confiance populaire en résolvant les problèmes complexes du pays .
Des leaders religieux et politiques haïtiens ont également réagi aux accusations de la COPAH. Certains soutiennent que les actions de la FPH pourraient nuire gravement à la crédibilité des prochaines élections et aggraver la situation politique déjà fragile. Ils appellent à une enquête approfondie sur les pratiques de sélection des membres du CEP pour assurer la transparence et l’intégrité du processus électoral .
L’histoire récente d’Haïti est marquée par des crises électorales répétées, souvent alimentées par des fraudes et des manipulations. Les élections de 2015 et 2016, par exemple, ont été entachées de controverses et de violences, ce qui a conduit à une méfiance généralisée envers les institutions électorales. Des études montrent que les élections frauduleuses ont contribué à l’instabilité politique et économique du pays, renforçant les divisions sociales et alimentant la violence .
La COPAH insiste sur l’importance d’un processus démocratique transparent, soulignant que ceux qui participent à des manœuvres antidémocratiques ne feront qu’aggraver la situation. Elle appelle à une prise de conscience et à une action ferme pour éviter de perpétuer les erreurs du passé et garantir un avenir démocratique pour Haïti. Le Conseil Exécutif de la COPAH conclut en rappelant que le pays ne peut pas doter le CEP de représentants issus d’un processus antidémocratique, car cela ne ferait que reproduire les schémas de fraudes et de magouilles qui ont conduit Haïti à la faillite.