Par Francklyn B Geffrard
Terrier-Rouge, 17 mai 2020, (RHI)- Des paysans du département du Nord-Est, dénoncent un acte de spoliation d’Etat de leurs terres agricoles dans cette région.
Regroupés au sein du MPTR (Mouvement des Paysans de Terrier-Rouge) et la CPPNE (Coopérative des Petits Planteurs du Nord-Est), ces paysans accusent le président Jovenel Moïse, la première dame de la République, le sénateur du Nord-Est Wanique Pierre, l’ex-sénateur du Sud, Hervé Fourcand, un conseiller politique du président, Ardouin Zéphirin et d’autres dirigeants locaux à Terrier-Rouge, Caracol et Trou-du-Nord qui seraient impliqués dans une vaste opération de spoliation de terre.
Ces paysans qui revendiquent leur droit de propriété, accusent la famille présidentielle et ses proches qui auraient fait usage de la force excessive pour les déposséder de leurs terres.
Selon Milostène Castin, dirigeant du MPTR et sociétaire de la CPPNE, il s’agit en fait de quatre (400) hectares de terres cultivables que les paysans exploitent depuis 1986 après la chute de Duvalier. Ils exploitent ces terres à des fins de production agricole, de bois et d’élevage, précise M. Castin.
‘’Apres avoir entrepris de multiples démarches auprès des autorités politiques, nous avions obtenu de l’administration du président Jean Bertrand Aristide en date du 30 avril 1995, le droit légal d’exploiter ces terres à travers un arrêté présidentiel publié dans le journal officiel du pays ‘’Le Moniteur, a indiqué Milostène Castin à RHI.’’
M. Castin explique que tout allait très bien et les paysans n’avaient pas de difficulté pour cultiver leurs terres. “Les ennuis ont commencé depuis plus de deux (2) ans lorsque des élus proches du pouvoir en place et des officiels de l’Etat se sont permis d’envahir impunément nos terres, a déclaré Milostène Castin.’’
‘’Après avoir essayé à plusieurs reprises de nous ‘’déchouquer’’ sans succès, aujourd’hui, c’est au plus haut niveau de l’Etat que les spoliateurs ont inventé un stratagème pour atteindre leur objectif, selon M. Castin. Les spoliateurs prétendent percer une route qu’ils présentent comme faisant partie des travaux d’utilité publique pour s’introduire sur nos terres et s’en accaparer plus facilement, dit-il.’’
Milostène Castin affirme que des plantations et des arbres fruitiers ont été détruits et des têtes de bétails emportées lors des opérations de ratissage conduites par des civils armés en uniforme de police à la solde du pouvoir en place.
La spoliation des terres cultivables à toujours été une source de conflit, parfois meurtrier en Haiti. Le problème foncier qui n’est pas nouveau en Haïti , s’est considérablement aggravé depuis l’arrivée au pouvoir du président Jovenel Moïse au pouvoir, note Milostène Castin.
Des proches du pouvoir sont notamment accusés de s’accaparer non seulement des terres agricoles appartenant à des paysans mais aussi, celles relevant du domaine public de l’Etat dans le Nord-Est.
Les paysans haïtiens doivent souvent affronter des autorités peu scrupuleuses qui contournent les lois et les règlements fonciers dans le sens de leurs intérêts propres.