WASHINGTON, mardi 12 novembre 2024– La Federal Aviation Administration (FAA) a annoncé mardi qu’elle interdirait aux compagnies aériennes américaines de voler en Haïti pour une période de 30 jours, après qu’un avion de la compagnie Spirit Airlines a été touché par des tirs alors qu’il se dirigeait vers Port-au-Prince. Cet incident, survenu lundi, a forcé l’appareil à être détourné vers la République dominicaine. De plus, un avion de JetBlue en provenance de Port-au-Prince a également été découvert avec des impacts de balles après son atterrissage à New York.
L’aéroport international Toussaint Louverture, principal point d’entrée aérien du pays, est resté fermé mardi, suite à des affrontements violents survenus alors que le nouveau premier ministre haïtien, Alix Didier Fils-Aimé, prêtait serment dans un contexte de transition politique chaotique. La capitale haïtienne, Port-au-Prince, s’est paralysée dans un climat de tension généralisée, obligeant plusieurs compagnies aériennes à suspendre leurs vols jusqu’à jeudi, sans certitude quant à la durée de ces suspensions.
Ni Garry Conille, ancien premier ministre intérimaire, ni Fils-Aimé, nouvellement investi, n’ont commenté la flambée de violence. Cependant, le président dominicain, Luis Abinader, a qualifié de « terroriste » l’attaque contre les avions et a exhorté les pays soutenant Haïti à déclarer les gangs armés comme des organisations terroristes.
La violence s’intensifie dans un contexte où, selon les Nations Unies, environ 85 % de Port-au-Prince est sous le contrôle des gangs. Une mission appuyée par l’ONU, dirigée par la police kenyane pour tenter de rétablir l’ordre, peine à obtenir les fonds et les effectifs nécessaires, accentuant les appels pour une nouvelle mission de maintien de la paix.
La récente nomination de Fils-Aimé intervient après que le Conseil de transition, chargé de restaurer l’ordre démocratique en Haïti, a destitué Conille, qui entretenait des désaccords fréquents avec le Conseil durant ses six mois au pouvoir. Bien que Conille ait initialement contesté la légitimité de cette décision, il a finalement reconnu la nomination de son successeur et exprimé son souhait de voir Haïti avancer dans un esprit d’unité et de solidarité.
Malgré les promesses de Fils-Aimé de travailler avec les partenaires internationaux pour rétablir la paix et organiser les élections tant attendues, de nombreux Haïtiens restent sceptiques. Martha Jean-Pierre, 43 ans, l’une des rares personnes ayant osé s’aventurer dans les rues mardi pour vendre des légumes, a exprimé ses doutes face aux querelles politiques qui, selon les experts, profitent aux gangs et aggravent l’insécurité.
Face à la détérioration de la situation, le Département d’État américain a appelé le gouvernement de transition à mettre en place un plan d’action clair pour réduire la violence et permettre la tenue des élections, exhortant les acteurs politiques à faire passer les intérêts du pays avant leurs intérêts personnels.