WASHINGTON, jeudi 30 juin 2022 – Le conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a approuvé un programme de surveillance par le personnel (SMP) pour Haïti après des discussions qui ont duré de mars à mai 2022.
Le SMP a été approuvé le 17 juin 2022 et se poursuivra jusqu’au 31 mai 2023, selon un communiqué du FMI.
Le communiqué souligne que ‘‘le SMP a été conçu par les services du FMI et les autorités haïtiennes, en gardant à l’esprit la fragilité et les contraintes de capacité d’Haïti tout en soutenant les objectifs de politique économique des autorités. Avec une mise en œuvre opportune du programme, le SMP aiderait les autorités à établir un bilan de la mise en œuvre des politiques, ouvrant éventuellement la voie à un programme de tranche supérieure de crédit soutenu par le FMI.’’
Les SMP sont des arrangements entre les autorités nationales et le FMI pour surveiller la mise en œuvre du programme économique des autorités, mais ne sont pas accompagnés d’une assistance financière.
Ces dernières années, Haïti a connu une crise politique prolongée et l’assassinat de son président, des confinements, la pandémie mondiale, une recrudescence de la violence liée aux gangs et un tremblement de terre. Ces chocs ont affaibli les cadres économiques et institutionnels et ont nui à la capacité administrative, tandis que les conditions socioéconomiques et sécuritaires se sont détériorées à un niveau affligeant, lit-on dans le communiqué.
Après trois années de contraction économique, les services du FMI s’attendent à ce que la croissance redevienne positive au cours de l’exercice 2022, soutenue par une augmentation des investissements, et qu’elle se redresse à 1,4 % l’année prochaine avec des flux continus d’envois de fonds dans un contexte d’améliorations modestes de la stabilité sociopolitique.
‘‘Dans ce contexte difficile, précise le FMI, les autorités se sont engagées à mettre en œuvre des politiques qui commenceraient à rétablir la stabilité macroéconomique et la croissance, à renforcer la gouvernance et à commencer à réduire la pauvreté. En mettant fortement l’accent sur la gouvernance, le SMP vise à accroître la responsabilisation et à renforcer l’appropriation du programme de réforme dans tout le pays, en mettant l’accent sur le renforcement de la gestion des finances publiques, de l’administration des recettes, de la transparence et des mesures de lutte contre la corruption.’’
Le SMP vise également à augmenter les recettes intérieures, qui se sont effondrées ces dernières années sous la pression des troubles sociaux, des problèmes de recouvrement et de la crise sécuritaire. Les autorités se sont engagées à mettre en œuvre une série de mesures administratives, notamment le renforcement de l’utilisation du numéro d’identification fiscale et l’assainissement des portefeuilles des contribuables, la révision des régimes fiscaux spéciaux dans un nouveau Code des impôts, notamment en supprimant certaines exonérations, et la finalisation et la publication du nouveau Code des Impôts, Code des Douanes et Tarif des Douanes. Cela simplifiera le système fiscal, le rendant plus transparent et donc moins sujet aux abus de gouvernance, selon l’organisation financière internationale.
Le FMI déclare que le financement du déficit budgétaire par la banque centrale a alimenté l’inflation, exerçant une pression sur le taux de change et entraînant un cercle vicieux de hausse des coûts des subventions aux carburants, de financement monétaire supplémentaire du déficit et de hausse de l’inflation. Le programme vise ainsi à lever des ressources pour les dépenses productives et à réduire le financement monétaire du déficit budgétaire pour réduire l’inflation. Ceci est essentiel pour la population étant donné le lourd fardeau imposé aux pauvres par la forte augmentation des prix.
Les subventions aux carburants ont absorbé au moins un tiers des recettes intérieures et évincé les dépenses productives d’investissement, de santé et d’éducation. Ils sont également très inéquitables, avec plus de 90 % des bénéfices allant aux 10 à 20 % supérieurs de l’échelle des revenus en Haïti, soutient le FMI.
Dans cette optique, écrit le FMI, ‘‘les autorités prévoient de préparer le terrain pour éventuellement s’attaquer à ce problème. Dans un premier temps, ils ont lancé en avril plusieurs programmes sociaux dans le cadre du Programme d’urgence destinés aux groupes touchés par les ajustements antérieurs des prix du carburant.’’
Selon le FMI, ‘‘les autorités haïtiennes renforceront également le cadre de la politique monétaire et limiteront les interventions de change pour lisser une volatilité excessive afin d’éliminer progressivement l’écart avec le marché parallèle. Des étapes clés sont également prévues pour améliorer le cadre réglementaire financier et mettre à jour la réglementation sur la lutte contre le blanchiment d’argent (AML/CFT) afin de répondre aux normes internationales’’.
Dans le cadre de ce SMP, les services du FMI travailleront en étroite collaboration avec les autorités pour soutenir la mise en œuvre de leur programme et les aider à obtenir le soutien du public. En effet, la plupart des éléments du programme des autorités sont étayés par l’assistance technique et le renforcement des capacités en cours du FMI.
Toujours selon le communiqué, le Fonds continuera également à se coordonner étroitement avec les autres partenaires de développement d’Haïti pour tirer parti des efforts en faveur d’objectifs communs. La première révision du SMP est prévue en septembre. Des performances satisfaisantes dans le cadre du SMP pourraient conduire à un programme soutenu par le FMI dans le cadre d’un accord pluriannuel qui nécessiterait l’approbation du conseil d’administration du FMI. Les SMP ne sont soumis qu’à un examen formel de la direction du FMI.