PARIS, lundi 18 novembre 2024 – Dans une correspondance datée du 18 novembre 2024, un collectif de personnalités et d’organisations issues de la diaspora haïtienne, réparties en Europe, en Amérique du Nord, en Afrique, en Amérique latine et dans les Caraïbes, exprime ses préoccupations face à la récente nomination de J. E. Kathia Verdier comme ministre des Haïtiens vivant à l’étranger (MHAVE). La lettre, adressée à Leslie Voltaire, président du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), dénonce une décision jugée déconnectée des réalités diasporiques et manquant une opportunité cruciale de renforcer les liens entre Haïti et sa diaspora.
Les signataires rappellent que, bien que la nomination relève des prérogatives du gouvernement dirigé par le Premier ministre Alix Fils-Aimé, ce choix a suscité une “douche froide” parmi les membres de la diaspora. Ils estiment que cette nomination aurait pu incarner une avancée significative vers une gouvernance inclusive, en mobilisant pleinement les ressources humaines et financières de cette communauté, dont les transferts de fonds dépassent trois milliards de dollars annuellement.
“La diaspora absorbe, en grande partie, les chocs causés par les multiples tragédies qui font le lot quotidien de la population haïtienne en payant les rançons pour nos proches kidnappés, en relogeant nos familles déplacées, et en constituant la principale réserve stratégique pour faire fonctionner une économie nationale totalement asphyxiée”, déclare la lettre.
Les signataires dénoncent un “déficit de connaissances des réalités diasporiques” de la part de J. E. Kathia Verdier, affirmant qu’une personne extérieure à cette communauté ne peut pas pleinement comprendre ses dynamiques complexes ni représenter efficacement ses intérêts. Ils soulignent qu’une désignation issue directement de la diaspora aurait envoyé un signal fort, traduisant une véritable reconnaissance de son rôle comme pilier du développement national.
Selon eux, l’absence de liens solides avec la diaspora limite la capacité du MHAVE à engager cette force vive dans les projets de reconstruction et à jouer un rôle central dans les réformes constitutionnelles prévues. La lettre met en garde contre les répercussions stratégiques d’un tel choix, qualifié d’“insulte à la diaspora”, qui risque d’éroder la confiance et l’enthousiasme nécessaires à une collaboration constructive.
Le collectif appelle à une révision des critères de nomination au sein du MHAVE, insistant sur la nécessité d’une représentation adéquate et significative de la diaspora dans les instances décisionnelles. “Nous exhortons les autorités compétentes à adopter une approche inclusive, qui reflète les aspirations et les contributions de tous les Haïtiens, où qu’ils soient. Une telle démarche constituerait un pas significatif vers un avenir plus uni pour notre nation qui se cherche partout”, conclut la lettre.
Ce plaidoyer a été signé par des personnalités influentes et des organisations représentatives de la diaspora, telles que le Forum Haïtien pour la Paix et le Développement Durable (Paris), Haïti-Europe Autrement Solidaire, le Front Uni de la Diaspora Haïtienne (Chicago), l’Association Konbit pour Haïti (New York), et la Société Haïti en Jamaïque (Kingston).