PORT-AU-PRINCE, dimanche 21 janvier 2024 – Le jeudi 25 janvier, une séance d’information publique suivie de consultations à huis clos aura lieu concernant la situation en Haïti.
Les intervenants attendus sont María Isabel Salvador, Représentante spéciale et Chef du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH), Ghada Fathi Waly, Directrice exécutive de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC), ainsi qu’un représentant de la société civile.
La Représentante spéciale et chef du Bureau Intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH), María Isabel Salvador, informera le Conseil sur les récents développements politiques, sécuritaires et humanitaires, ainsi que sur le dernier rapport du Secrétaire général sur le BINUH.
Selon un communiqué du Conseil de Sécurité, depuis l’assassinat du Président Moïse, le pays est plongé dans une impasse politique, une violence extrême et des conditions humanitaires alarmantes. Actuellement, aucun responsable n’a été démocratiquement élu, et le gouvernement intérimaire dirigé par le Premier Ministre Ariel Henry n’a pas réussi à trouver un accord politique avec les groupes d’opposition sur l’organisation d’élections. Des gangs criminels politiquement liés ont pris le contrôle de 80 % de Port-au-Prince, alimentant des niveaux de violence sans précédent.
Le Conseil souligne que la situation sécuritaire dégradée a exacerbé les conditions humanitaires déjà critiques. Lors d’une conférence de presse le 8 décembre 2023, la Représentante spéciale adjointe et Coordonnatrice résidente de l’ONU en Haïti, Ulrika Richardson, a révélé que 5,2 millions de personnes nécessitent une assistance humanitaire, tandis que 4,35 millions font face à une insécurité alimentaire aiguë. Le plan de réponse humanitaire de l’ONU pour Haïti en 2023 n’était financé qu’à 33 %.
En octobre 2022, le gouvernement haïtien a lancé un appel urgent au déploiement immédiat d’une “force spécialisée internationale” pour soutenir la police nationale dans la lutte contre les gangs. Le Secrétaire général António Guterres a approuvé cette demande, préconisant le déploiement d’une “force d’action rapide” par des États membres agissant en coopération avec le gouvernement haïtien.
En juillet 2023, le ministre des Affaires étrangères kényan, Alfred Mutua, a annoncé que son pays dirigerait une force multinationale en Haïti, contribuant avec 1 000 policiers. Plusieurs pays des Caraïbes et les États-Unis ont également promis un soutien financier et logistique.
Bien que l’ONU n’administre pas la force, le Kenya, Haïti et d’autres parties prenantes ont sollicité l’autorisation du Conseil de Sécurité avant le déploiement. Le 2 octobre 2023, le Conseil a adopté la résolution 2699, autorisant les États membres à former et déployer une mission de soutien à la sécurité multinational (MSS) en Haïti pour une période initiale de 12 mois. Le Kenya, en collaboration avec Haïti, les États-Unis et d’autres contributeurs, prépare actuellement le terrain, malgré des obstacles légaux internes.
L’impasse politique persistante demeure une préoccupation majeure. La Communauté des Caraïbes (CARICOM) a facilité des pourparlers entre le gouvernement et les groupes d’opposition. Cependant, les discussions n’ont pas encore abouti à un consensus sur l’organisation des élections, aggravant la situation sécuritaire et humanitaire.
Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) et la BINUH ont récemment publié un rapport alarmant sur la “hausse choquante” de la violence des gangs, appelant de toute urgence au déploiement de la mission MSS. L’Expert indépendant des Nations Unies sur les droits de l’homme en Haïti, William O’Neill, a également exprimé ses inquiétudes, soulignant la violence sexuelle endémique et l’impact dévastateur sur la jeunesse haïtienne.
En réponse à cette crise, le Conseil de Sécurité devra superviser et soutenir le déploiement de la mission MSS lors de sa réunion de janvier, soulignant l’urgence d’une action complète. Les membres du Conseil devraient également réaffirmer leur soutien aux efforts de médiation en cours et appeler à un compromis politique pour une transition électorale.
La Chine et la Russie maintiennent des positions réservées, soulignant la nécessité d’un consensus politique national avant tout déploiement significatif. La situation en Haïti reste au centre des préoccupations internationales, nécessitant une action concertée pour stabiliser le pays et répondre aux besoins humanitaires pressants.