La COPAH réclame la démission d’Ariel Henry et de son gouvernement qu’elle accuse d’avoir aggravé la crise haïtienne…

Dr. Ariel Henry, premier ministre haitien de facto,,,

PORT-AU-PRINCE, lundi 11 septembre 2023– La conférence des pasteurs haitiens (COPAH), organisation du secteur protestant estime que les tenants actuels du pouvoir, ont mis le pays totalement à genoux.

Selon la COPAH, ‘‘ces gens doivent se rendre à l’évidence qu’ils rendraient service au peuple haïtien, leur principale victime, s’ils se retiraient en silence. On peut avoir la volonté de servir, mais s’il n’y a pas de résultat, c’est qu’on a échoué.’’

« En politique, poursuit la COPAH, quand on est incapable de résoudre un problème et qu’en plus il s’aggrave, on rend le tablier sans se faire prier. Après tout, la démission n’est pas une défaite, mais un acte de grandeur, même pour ceux qui seraient loin d’être grands », soutient l’organisation protestante.

Dans un communiqué, la COPAH décrit une triste réalité qui sévit en Haïti, conséquence directe de la gestion calamiteuse du régime en place, selon elle.

« Le pays est brisé. Partout, le sang d’innombrables innocents se répand.  Les gangs armés toujours bien alimentés en armes et en munitions, mènent une guerre impitoyable contre la population civile. Jouissant de l’impunité la plus totale, et confortés par la passivité, voire la complicité des plus hautes autorités, ils prennent chaque semaine de nouveaux territoires », déclare la COPAH.

Poursuivant la description du chaos créé dans le pays, la COPAH ajoute : ‘Les rues d’Haïti sont rouges de sang et jonchés de cadavres. Des massacres sont perpétrés çà et là dans les quartiers populaires de la région métropolitaine et dans l’Artibonite. A part la population civile, des policiers figurent aussi parmi les victimes. Du haut de leur confort, n’étant pas visées par cette violence criminelle, les autorités gouvernementales et policières continuent de jouir activement, de manière indue, des avantages et privilèges liés aux fonctions qu’elles n’exercent pas véritablement.’’

L’organisation note que des milliers de personnes, dont des vieillards, des femmes et des enfants défigurés, dévorés par la misère programmée et le désespoir, sont contraints d’abandonner leurs maisons pour devenir des réfugiés internes dans leur propre pays.

Selon la COPAH, les plus chanceux ont trouvé refuge dans des écoles publiques, des églises ou des places publiques où ils dorment à même le sol, dans la promiscuité où les conditions minimales d’hygiène n’existent pas.

‘‘Cependant, chassés par les chefs de gang qui ont reçu le pouvoir de terroriser les plus faibles de la société, rien n’a été fait pour récupérer les territoires pris par les âmes vendues, déplore la COPAH, indiquant que, quasiment, chaque tentative de manifestation contre la gangstérisassion du pays, est brutalement réprimée par des unités spécialisées de la police, qui agissent comme une milice politique.’’

Classes moyennes décimées

La COPAH souligne que ‘‘les classes moyennes déjà fébriles et anémiées par des crises successives, sont pratiquement anéanties.’’

La COPAH fait remarquer que, ‘‘décapitalisés après avoir été victimes de kidnapping contre rançon, les cadres formés issus des secteurs privé et public dont le pays a immensément besoin pour se développer, se voient contraints de quitter massivement le pays, souvent en catastrophe.’’

Fuite de cerveaux et de main d’œuvre

De l’avis de la COPAH, ‘‘les jeunes issus des quartiers difficiles et de la paysannerie, ont fui massivement le pays pour échapper aux conséquences néfastes de l’insécurité d’Etat orchestré par les gangs qui exercent leur pouvoir de violence criminelle afin d’assurer la pérennité d’un pouvoir politique illégitime, incompétent, corrompu et apatride.’’

« Il a même été offert à la jeunesse, à travers de pseudos programme humanitaire, l’occasion de fuir Haïti au moment où le pays a le plus besoin de cette main d’œuvre pour sa reconstruction », déclare la COPAH qui dénonce la fuite des cerveaux haitiens et de la main d’œuvre haïtienne.

‘‘Quant aux masses défavorisées, poursuit la COPAH, elles sont aux abois. Aucune perspective d’amélioration de leurs conditions d’existence n’est en vue. L’insécurité alimentaire atteint la moitié de la population pour laquelle manger à sa faim devient un luxe’’, soutient l’organisation.

Elle affirme que l’inflation a atteint près de 50% et le chômage est endémique. « La production nationale continue de chuter de manière vertigineuse pendant que le pays vit de plus en plus de l’importation.  Très peu de contrôle est exercé sur les ports, les points de passage au niveau de la frontière avec la République dominicaine. Toutes sortes de trafic se développent et la contrebande devient la norme, causant une perte nette d’au moins 500 millions de dollars par an au trésor public », déclare-t-elle.

Selon l’organisation, ‘‘en raison de la persistance de l’insécurité et de la crise socio-économique, la crise énergétique et l’instabilité politique, de nombreuses entreprises ont été délocalisées et celles qui n’ont pas de reins se voient obligées de fermer leurs portes. L’avenir est incertain pour celles qui résistent encore.’’

Comme s’ils étaient hors contrôle de leurs sponsors, selon la COPAH, ‘‘les sanguinaires n’épargnent aucun secteur. Les écoles, les universités, les hôpitaux publics et privés, les lieux de culte (protestant, vodouisant, catholique etc.) sont attaqués, pillés et parfois incendiés. Ils entretiennent un climat de terreur tellement délirante qu’ils parviennent à intimider et paralyser presque l’ensemble de la population.’’

‘‘La peur est partout[…], selon la COPAH qui ajoute que ‘‘les bénéficiaires de ce chaos sont ceux qui l’utilisent comme rapport de force politique pour se maintenir au pouvoir et assurer la survie d’un système en décomposition dont le temps est arrivé à échéance, et qui doit disparaitre inévitablement.’’

Elle rappelle que le processus constitutionnel et démocratique a été interrompu brutalement le 13 janvier 2020 lorsque le président Jovenel Moïse qui n’avait pris aucune disposition pour renouveler le personnel politique du pays, avait déclaré constater la caducité du parlement. La dernière fois que des élections incomplètes d’ailleurs, les représentant des collectivités territoriales n’ayant jamais pris fonction, remonte à début 2017, souligne la COPAH.

« Avec le soutien aveugle de puissances racistes, le pays est dirigé depuis plus de deux ans par un régime inconstitutionnel et illégitime, détesté et rejeté par la majorité des haïtiens. Contre la volonté populaire maintes fois exprimée par des mouvements de révolte, ces puissance exportatrices d’idéologie, de démocratie, de constitution et de vices en tout genre, font tout et utilisent toutes les ruses pour maintenir au pouvoir des individus qui ont ouvertement confessé leur incapacité à gérer les affaires de l’Etat. Pendant plus de deux ans, au lieu de négocier une sortie consensuelle de la crise, s’appuyant sur le support des tuteurs internationaux, ils ont joué à la provocation et se sont moqués de la souffrance de la population », déclare l’organisation qui dénonce l’ingérence internationale dans les affaires internes d’Haïti.

Appel à l’unité

‘‘Après tout ce dont nous sommes victimes des pouvoirs imposés par l’étranger, écrit la COPAH, nous nous rendons de plus en plus compte que nous ne devons compter sur personne pour résoudre nos problèmes. Et nous sommes conscients, quoique chrétiens, ce n’est ni par le jeûne ou par l’invocation des esprits ancestraux que nous parviendrons à délivrer le pays. Tout cela est peut-être bien, mais pas suffisant pour vaincre l’ennemi déguisé en ami’’, soutient-elle.

« Nous le ferons, et c’est une obligation citoyenne, par l’intelligence supérieure qui habite en nous, notre engagement et nos actes patriotiques. Nous devons nous battre sans désemparer, quel qu’en soit le prix à payer, pour nous émanciper des entraves de la dépendance et de l’ingérence arrogante des ne-colons. L’unité des forces progressistes et démocratiques est le point de départ pour recouvrer notre souveraineté et notre indépendance », déclare la COPAH.