La COPAH approuve le plan Toussaint Louverture pour la reconstruction d’Haïti proposé par trois députées américaines…

Congres des Etats-Unis

PORT-AU-PRINCE, mardi 21 mai 2024– Dans un communiqué de presse, la Conférence des Pasteurs Haïtiens (COPAH) a exprimé son soutien enthousiaste au plan Toussaint Louverture, une initiative majeure présentée par trois membres du Congrès des États-Unis visant à injecter 50 milliards de dollars sur dix ans pour la reconstruction d’Haïti. Ce plan ambitieux a pour objectif de stabiliser le pays, de renforcer ses institutions démocratiques et judiciaires, d’investir dans des infrastructures critiques, de stimuler la croissance économique et d’améliorer les opportunités pour les femmes et les jeunes.

“Nous accueillons favorablement le plan Toussaint Louverture proposé par trois membres du Congrès des États-Unis,” a déclaré la COPAH dans son communiqué. “Ce programme ambitieux prévoit un investissement de 50 milliards de dollars sur dix ans pour reconstruire Haïti, stabiliser le pays, renforcer ses institutions démocratiques et judiciaires, investir dans des infrastructures critiques, stimuler la croissance économique et améliorer les opportunités pour les femmes et les jeunes, afin d’assurer le bien-être du peuple haïtien.”

Cependant, la COPAH a souligné que, compte tenu des nombreux besoins d’Haïti exacerbés par les catastrophes naturelles et politiques, un investissement encore plus important serait nécessaire pour une reconstruction complète du pays. “Un plan d’au moins 100 milliards de dollars sur dix ans serait nécessaire pour une véritable reconstruction de notre pays, dévasté par la violence criminelle, structurelle et plus de deux cents ans de mauvaise gestion,” a précisé la COPAH.

Malgré cette estimation, la COPAH considère que l’adoption du plan proposé par les trois membres du Congrès américain représenterait un pas significatif vers la résolution de nombreux problèmes en Haïti.

“Nous exhortons le Congrès américain à approuver ce plan et encourageons le gouvernement des États-Unis à utiliser tous les pouvoirs légaux à sa disposition pour en assurer la mise en œuvre,” a ajouté la COPAH. “Nous croyons que, compte tenu des torts infligés à Haïti par les États-Unis, notamment par leurs nombreuses occupations et leur soutien à des régimes corrompus et sanguinaires, l’administration américaine devrait, par souci de justice et de morale publique, saisir cette occasion pour réparer ces préjudices envers la première République Noire du monde.”

La COPAH appelle également toutes les organisations progressistes haïtiennes, en Haïti et dans la diaspora, à soutenir cette initiative et à faire pression pour qu’elle aboutisse.

“Les Haïtiens-américains, indépendamment de leurs affiliations politiques, doivent utiliser leur vote lors des prochaines élections américaines pour faire avancer l’agenda d’Haïti,” a souligné la COPAH. “Lors des élections du 5 novembre, un vote intelligent et utile est crucial, à la fois pour votre communauté dans votre pays d’accueil et pour votre pays d’origine. Vous êtes les premiers ambassadeurs, défenseurs et la voix d’Haïti auprès du gouvernement américain. Faites entendre vos voix et celles d’Haïti pour un changement de paradigme et un nouveau départ pour notre pays’’, écrit la COPAH.

En outre, la COPAH a réitéré son soutien aux démarches visant à obtenir restitution et réparation de la rançon versée à la France après l’indépendance d’Haïti. “Nous soutenons et exhortons tous les patriotes haïtiens à appuyer les démarches en cours visant à obtenir restitution et réparation de la rançon versée à la France après notre indépendance, une rançon qui a grandement contribué à l’appauvrissement d’Haïti,” a affirmé l’organisation religieuse.

Le soutien de la COPAH au plan Toussaint Louverture représente une lueur d’espoir pour l’avenir d’Haïti. Avec un engagement significatif de la part des États-Unis et une mobilisation active de la diaspora haïtienne, ce plan pourrait marquer le début d’une nouvelle ère de stabilité et de prospérité pour la première République Noire du monde. La COPAH reste déterminée à jouer un rôle actif dans la promotion de ce plan et à veiller à ce que les voix des Haïtiens soient entendues et respectées.

Ce communiqué de la COPAH souligne l’importance d’un soutien international et d’une mobilisation collective pour un avenir meilleur pour Haïti, tout en appelant à la justice et à la réparation des injustices historiques.

Cependant, les haitiens ont encore en mémoire l’expérience de la commission intérimaire pour la reconstruction d’Haïti (CIRH) chargée d’aider à la reconstruction du pays comme son nom l’indique.

La CIRH a été instaurée à la suite du séisme dévastateur du 12 janvier 2010, ayant pour objectif de coordonner et superviser l’utilisation des fonds alloués à la reconstruction du pays. Sous la co-présidence de l’ancien président américain Bill Clinton et du Premier ministre haïtien Jean-Max Bellerive, la CIRH s’engageait à assurer une gestion transparente et efficace des aides internationales.

Créée en avril 2010 et active jusqu’en octobre 2011, la CIRH regroupait des représentants du gouvernement haïtien, des donateurs internationaux, des organisations non gouvernementales (ONG) et d’autres parties prenantes. Elle détenait des pouvoirs exécutifs lui permettant d’approuver des projets de reconstruction, d’allouer des fonds et de surveiller attentivement les dépenses.

Les promesses de dons internationales s’élevaient à environ 10 milliards de dollars, étalés sur plusieurs années. La CIRH a géré une part significative de ces fonds, avec près de 3 milliards de dollars alloués à environ 90 projets approuvés. Ces projets ont couvert divers secteurs, y compris les infrastructures, le logement, la santé, l’éducation, la gestion des risques et la réduction de la vulnérabilité.

P »armi les résultats obtenus, on recense la reconstruction de 293 kilomètres de routes, 23 ponts, et 15 installations portuaires. Concernant le logement, 22 000 structures temporaires ont été érigées pour héberger les personnes déplacées. Du côté de la santé, 38 hôpitaux et centres de santé ont été réhabilités, tandis que 400 écoles ont été reconstruites et 4 000 enseignants ont été formés. »

Toutefois, la gestion des fonds par la CIRH a fait l’objet de vives critiques. Des retards considérables dans la mise en œuvre des projets ont été signalés, attribués en grande partie à une lourde bureaucratie et à un manque de coordination efficace. De plus, des allégations de corruption ont entaché la réputation de la commission.

L’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) a mené des audits révélant des irrégularités dans la gestion des fonds. Des cas de mauvaise gestion financière, de manque de transparence et de non-conformité aux normes ont été documentés, jetant un voile sur l’intégrité des opérations de la CIRH.

Des projets approuvés ont été critiqués pour leur non-réalisation ou leur exécution médiocre. Par exemple, des logements inadéquats ont été construits dans des zones peu sûres, entraînant un gaspillage de fonds et ne répondant pas aux besoins des populations sinistrées. De même, des projets d’infrastructures ont souvent souffert de retards et de dépassements de coûts, suscitant des soupçons de pratiques douteuses dans l’attribution des contrats.