La Coordination Europe Haïti appelle au soutien de l’Union européenne pour une nouvelle gouvernance et un avenir démocratique et pacifique en Haïti…

Photo: Rodin Dantinor: Pancarte appelant au depart d'Ariel Henry et au retrait du soutien de Joe Biden a l'equipe au pouvoir en Haiti...

BRUXELLES, mardi 14 novembre 2023– La Coordination Europe-Haïti (CoEH) a appelé l‘Union Européenne à être plus attentive à la situation extrême qui prévaut en Haïti.

« Notre appel est un recours urgent à l’action pour faciliter la recherche d’une véritable solution d’avenir pour Haïti, en accord avec la volonté de la grande majorité de la population haïtienne », a déclaré la CoEH.

Selon la CoEH, ‘‘depuis le début de l’année, la situation en Haïti n’a fait qu’empirer. Le pays s’enfonce de plus en plus dans le chaos, sans perspective pour la population. Ce chaos se caractérise par le déferlement sans aucune contrainte de groupes armés qui contrôlent chaque jour des espaces plus importants de la capitale et de certaines régions de province, notamment l’Artibonite, principal grenier du pays. Ces bandits, qui agissent en toute impunité, chassent les habitants de leurs maisons, tuent, blessent, brûlent, pillent et violent.’’

L’organisation a souligné qu’au cours du 1e semestre de 2023, au moins 2.000 homicides et 1.500 enlèvements ont été perpétrés par les bandes armées et plus de 200.000 personnes ont été déplacées par la violence en Haïti.

‘‘À tout cela, a-t-elle poursuivi, vient s’ajouter l’inflation, la pauvreté, une économie en déroute et la faim qui touche pratiquement un Haïtien sur deux. Cette crise a été exacerbée par la fermeture unilatérale de la frontière et le déploiement militaire massif de la République dominicaine en représailles au projet de canal sur le fleuve Massacre, destiné à irriguer près de 3.000 hectares de terres haïtiennes.’’

« C’est dans ce contexte insupportable que le Conseil de sécurité des Nations Unies a adopté le 2 octobre une résolution autorisant le déploiement d’une force multinationale de sécurité dirigée par le Kenya pour lutter contre la violence des gangs en Haïti, sans questionner le rôle que des détenteurs actuels du pouvoir en Haïti jouent dans cette situation d’extrême violence », a ajouté la CoEH, arguant que l’’envoi de cette énième mission de troupes internationales est présenté comme une lueur d’espoir pour un pays totalement abandonné par son gouvernement.

« Nous sommes convaincus que tout effort de solution aux problèmes actuels d’Haïti, doit passer, avant tout, par la mise en place d’un gouvernement fonctionnel déterminé à gérer le pays. Malheureusement, ce n’est pas le cas pour le gouvernement de M. Ariel Henry qui n’a aucune légitimité, aucun mandat et qui concentre tous les pouvoirs entre ses mains sans aucun contrôle », a-t-elle déclaré.

La CoEH a estimé qu’Haïti a aujourd’hui besoin d’un nouveau leadership, d’un gouvernement de transition composé de personnalités crédibles, progressistes et engagées dans la promotion de la démocratie, les droits humains et le respect de l’État de droit.

« Ce nouveau gouvernement devrait créer les conditions pour le rétablissement de la sécurité dans le pays et faciliter la tenue d’élections libres et équitables, permettant ainsi aux hommes et femmes politiques non affiliés à des gangs de se présenter aux élections et garantissant la liberté de vote de la population et son droit de choisir ses dirigeants. Seule la mise en place d’un gouvernement de transition crédible permettra aux forces de police et de sécurité, avec le soutien probable de forces extérieures selon les besoins, de lutter efficacement contre la violence des gangs et les autres formes de violence qui endeuillent sa population », a insisté l’organisation.

La CoEH demande à l’UE de ne plus soutenir le gouvernement illégitime et soupçonné de crimes d’Ariel Henry, mais plutôt appuyer toute initiative visant à instaurer une nouvelle gouvernance en Haïti, qui doit passer par la formation d’un gouvernement de transition soutenu par une large majorité de la société haïtienne.

La CoEH demande à l’UE d’oser changer d’orientation et de stratégies concernant Haïti en apportant son appui à un processus de construction d’une nouvelle gouvernance en Haïti. La CoEH conseille à l’UE d’écouter d’autres voix, notamment celles d’une société civile qui exige une rupture et la participation réelle des Haïtiennes et Haïtiens à la construction de leur propre destin.

« Nous demandons à l’UE de soutenir un processus de dialogue politique pour la formation d’un gouvernement de transition et de rupture soutenu par une large majorité de la société haïtienne et désireux de prendre en mains la gestion du pays sur des bases de justice, d’équité et d’inclusion et qui soit en mesure d’organiser des élections crédibles », a soutenu la CoEH.

Elle a demandé a l’UE d’allouer les ressources nécessaires à une véritable politique de sanctions de l’UE contre les individus qui soutiennent les gangs, le trafic d’armes, de munitions et de stupéfiants, ainsi que la corruption en Haïti.

Elle a dit prendre acte de la volonté exprimée par l’UE dans le cadre autonome de mesures restrictives approuvé le 28 juillet 2023 à appuyer les sanctions internationales pour lutter contre le trafic d’armes et de munitions qui endeuille Haïti ainsi que la corruption qui occasionne le détournement des ressources qui devraient servir à améliorer les conditions de vie de la population.

La CoEH a demandé à l’UE de contribuer à l’identification de toute personne qui participent à ces crimes, quelle que soit leur nationalité – européenne, haïtienne, américaine et autres – et d’informer, en toute transparence, le public sur les faits qui sont reprochés à ces personnes et transmettre leurs dossiers à la Justice haïtienne pour suivi.

Elle a suggéré a l’UE de faire preuve de transparence sur les priorités de son action en Haïti et sur les versements effectués ces deux dernières années au gouvernement haïtien ainsi qu’aux fonds dédiés aux acteurs de la société civile en Haïti.

La CoEH a demandé également à l’UE de fournir en toute transparence à la société civile haïtienne et aux citoyens européens des informations sur les aides actuellement accordées au gouvernement de M. Ariel Henry, les mécanismes de contrôle de ces aides dans un contexte de dysfonctionnement de toutes les institutions du pays et de soupçon de connivence de ce gouvernement avec les groupes armés.

« Nous voulons nous assurer que les ressources des citoyens et citoyennes européens ne servent pas à alimenter le fonctionnement des groupes armés et le chaos auquel l’on assiste actuellement en Haïti. En même temps, nous soutenons toute aide qui contribue à mettre en place des conditions de vie digne pour la population, qui fait la promotion des valeurs fondamentales de l’UE et qui appuie des stratégies pouvant aider à résoudre définitivement la crise haïtienne », a déclaré la CoEH.