« La construction du canal ne s’arrêtera pas, le gouvernement d’Haïti revendique ce droit », déclare Léon Charles à l’OEA…

Leon Charles, representant d'Haiti a l'OEA...

WASHINGTON (DC), vendredi 13 octobre 2023– L’ambassadeur haïtien auprès de l’Organisation des États américains (OEA), Léon Charles, a affirmé jeudi catégoriquement qu’Haïti n’entendait pas mettre à la construction du canal sur  la rivière Massacre.

Il a clairement indiqué que ce travail ne détournerait pas une le débit de la rivière vers Haïti contrairement a la propagande officielle de la République dominicaine.

Lors d’une réunion du conseil permanent de l’OEA sollicitée par la République dominicain, Leeon Charles qui a pris la parole après le ministre dominicain des Affaires étrangères, Roberto Álvarez,  a insisté sur le fait que les travaux ne de construction du canal ne s’arrêteront pas en vertu de l’article 10 du Traité de paix, d’amitié et d’arbitrage, signé par la République dominicaine et Haïti en 1929 et dans lequel il établit que ‘‘les rivières et autres cours d’eau doivent être utilisés par les deux pays de manière juste et équitable.’’

« La construction du canal ne va pas cesser de considérer la topographie de ce fleuve et de cette zone et dans l’esprit de l’article 10 de ce traité de 1929, le gouvernement haïtien revendique son droit d’utiliser de manière juste et équitable les ouvrages sur cette zone de la rivière Massacre, en particulier qu’elle alimente la partie qui correspond à notre pays », a soutenu M. Charles.

Le diplomate a déclaré que la République dominicaine devait reconnaître le droit qu’Haïti a en tant que nation, pour l’utilisation des eaux des rivières dans l’irrigation des sols et les cultures agricoles.

« La construction du canal ne doit pas s’arrêter, la République dominicaine doit reconnaître le droit des deux pays à utiliser de manière juste et équitable les ressources que nous partageons dans cette région de la rivière Massacre, conformément à l’article 10 du traité de 1929 », a-t-il répété de temps en temps lors de son intervention.

Dénonçant la fermeture de manière unilatérale et la militarisation de la frontière par la République dominicaine pour intimider Haïti, Léon Charles a également exhorté au dialogue et les parties prenantes à trouver une solution viable, sans que les deux nations soient fortement affectées, puisque la construction du canal « ne va pas s’arrêter » (Kanal la pap kanpe, en créole).

« Ce que nous disons, c’est de continuer avec ce canal, la construction du canal ne va pas s’arrêter, la construction du canal ne va pas s’arrêter, rappelant qu’une délégation de la République d’Haïti se trouvait en République dominicaine lorsque le gouvernement dominicain a décidé de fermer unilatéralement ses frontières et les négociateurs haitiens ont dû quitté la table des négociations.

« Le gouvernement haïtien en appelle à la communauté et affirme surtout sa volonté d’œuvrer pour obtenir une solution définitive au différend sur la rivière Massacre et surtout demande et recourt à une discussion et à une conversation entre la République dominicaine et Haïti (…) de reprendre les négociations et le dialogue, qui sont un élément essentiel des relations de bon voisinage. »

Léon Charles a également fixé la position de sa délégation sur la fermeture des frontières du côté dominicain, depuis le 15 septembre dernier, condamnant l’action ordonnée par décret, car elle s’est fermée unilatéralement au milieu du dialogue entre les délégations des deux pays.

« Le 8 septembre, le gouvernement dominicain a ordonné unilatéralement la fermeture de la zone frontalière, tandis que la marine dominicaine a démontré sa force en mobilisant également des navires sur cette zone frontalière », a-t-il dénoncé.

Il a également condamné la désinformation qui a circulé autour du sujet, remplaçant le droit international, de sorte que « le gouvernement haïtien exprime sa grande préoccupation face à cette situation et à la prise de mesures par les autorités dominicaines et condamne fermement cette décision de fermer cette la frontière ».

Charles a dénoncé que la République dominicaine après la signature du traité en 1929 a unilatéralement construit au moins 12 ouvrages autour de l’affluent, sans consulter le gouvernement haïtien, ressources qui sont exploitées de manière « industrielle ».

« Depuis cette signature de 1929, la République dominicaine a construit deux barrages et ouvrages sur le fleuve Massacre dans la région de Loma de Cabrera et Dajabón, il s’agit donc d’ouvrages ouverts et de quatre mini-barrages, ces travaux ont été réalisés unilatéralement sans consulter n’ont pas été préalablement l’État haïtien. Par conséquent, a-t-il poursuivi, en fonction du territoire en question, la plupart des ressources exploitées, sont utilisées dans une zone industrielle », a-t-il déclaré.

Léon Charles a également dénoncé la décision du gouvernement dominicain d’installer des pompes en vue de détourner le débit de la rivière Massacre au risque de priver les haitiens leur droit d’utiliser cette ressource partagée.

Une délégation de médiation de l’OEA est attendue à la frontière entre les deux pays en vue de s’enquérir sur place de la situation.

Sur ordre du président Luis Abinader, la frontière terrestre dominicaine a été rouverte partiellement pour faciliter des corridors commerciaux vers Haïti, mais les haitiens, a la surprise des dominicains, ont décidé de fermer la partie haïtienne.