Port-au-Prince, mardi 29 mars 2022– Ce 29 mars marque le 35e anniversaire de l’adoption, par referendum, de la constitution de 1987.
Cette constitution qui a marqué la rupture avec le régime dictatorial héréditaire qui a dirigé le pays d’une main de fer de 1957 à 1986, a été voté massivement par les haïtiens qui aspiraient à vivre en démocratie.
Cependant, 35 ans après, le pays n’a toujours pas atteint son objectif démocratique. Au contraire, privee des institutions démocratiques et républicaines, le pays est plongé dans un vide institutionnel et constitutionnel.
Haïti est dirigé par des autorités illégales et illégitimes, imposées par les ambassades occidentales.
Depuis plus d’un an, Haïti n’a pas de parlement. En violation de la constitution, aucune élection n’a été organisée en Haïti depuis plus de cinq ans pour renouveler le personnel politique du pays.
A date, le pays ne compte que dix (10) sénateurs qui ont été élus.
Au niveau des pouvoir locaux, ce sont des agents exécutifs intérimaires qui ont remplacé les maires élus dont le mandat avait expiré depuis bientôt deux ans. Les autorités des sections communales restent en place quasi-indéfiniment.
De même, depuis l’assassinat de Jovenel Moïse, il y a bientôt neuf mois, le pays n’a pas de président (le mandat constitutionnel de Moïse avait pris fin le 7 février 2021).
A la tête du pays, se trouve un premier ministre de facto qui semble exercer également les fonctions présidentielles. Il a été nommé par Jovenel Moïse deux jours avant son assassinat.
Le choix d’Ariel Henry a été valide par un tweet du Core Group, une sorte de syndicats regroupant les ambassadeurs des principaux pays dits amis d’Haïti dont les Etats-Unis, la France, le Canada, l’Allemagne, le Brésil, les représentants de l’ONU et de l’OEA entre autres.
Personne ne sait quel est son mandat ni sa mission. Il a promis des élections pour la première moitié de cette année, mais au terme du premier trimestre de 2022, rien ne laisse penser que des mises en place sont en cours en vue de la tenue d’élections.
Entre temps, le pays s’enlise durablement de la crise. L’insécurité, la cherté de la vie, l’instabilité, l’inflation et autres font rage en Haïti. Les forces de sécurité ne s’acquittent pas de leur mission pendant que les gangs armés assiègent la capitale et imposent leurs lois sous les regards passifs des dirigeants.
Le projet démocratique qu’a charrié la constitution de 87 est loin de se matérialiser, d’autant que les tentations pour la changer sans aucune considération et sans l’avoir véritablement appliqué, sont fortes.
Violée de manière innombrable, la constitution de 1987 quoiqu’âgée de 35 ans, demeure encore vierge pour n’avoir jamais été appliquée depuis son adoption…