Par Jude Martinez Claircidor,
PORT-AU-PRINCE, mercredi 13 mars 2024– Depuis novembre 2023, le dossier d’Haïti ressemble à une valse, sans fin, une danse petro complexe où les décisions et les actions semblent se dérouler sans ligne temporelle définie. Le Conseil de Sécurité des Nations Unies avait alors donné son feu vert pour le déploiement d’une force multinationale en Haïti afin de rétablir la paix dans le pays. Cependant, depuis lors, le scénario ressemble davantage à un jeu de cache-cache, où les événements prennent des tournures inattendues.
Cette force internationale, prévue pour compter entre 2500 et 2600 membres, dont 1000 Kényans, a connu plusieurs rebondissements. Tout d’abord, l’opposition kenyane s’est opposée au déploiement de ses troupes au sein de cette force onusienne. Ensuite, des semaines d’attente ont été nécessaires pour obtenir l’approbation du Parlement kényan, suivie d’un veto de la Cour de Cassation kényane. Finalement, après des mois de péripéties, le Kenya a décidé de suspendre l’envoi prévu de ses policiers le 12 mars 2024, en raison d’un changement radical de la situation en Haïti, marqué par l’effondrement de l’ordre public et la démission d’Ariel Henry.
Le rôle du Kenya en tant que chef de la mission en Haïti semble dépassé par les événements, avec des policiers exprimant leur crainte d’être déployés sur un terrain marqué par une violence extrême. La communauté internationale semble jouer au yoyo avec la situation en Haïti, décevant une grande partie de la population qui espère un rétablissement de la stabilité.
Le transfert du dossier haïtien à la CARICOM n’a pas encore donné de résultats concrets, même plusieurs jours après la démission du Premier ministre Ariel Henry. Cette situation rappelle les échecs antérieurs des négociations entre le gouvernement d’Ariel Henry et la classe politique. Les divers déplacements des représentants haïtiens en Jamaïque, sous l’égide de la CARICOM, n’ont pas conduit à la conclusion d’un accord politique jusqu’à présent.
Pour tenter de relancer l’effort de déploiement de la force onusienne en Haïti, le secrétaire d’État américain, Anthony Blinken, a annoncé un rallongement de 100 millions de dollars supplémentaires d’aide américaine, portant le total à 200 millions de dollars. Cependant, la situation sécuritaire instable a conduit plusieurs pays amis, dont les États-Unis, l’Allemagne et la République dominicaine, à évacuer leur personnel d’Haïti, évoquant un possible évitement d’une catastrophe imminente.
Actuellement, Haïti se retrouve sans président ni premier ministre, avec un parlement inexistant et une cour de cassation avec des juges dont le mandat est arrivé à terme. La République d’Haïti semble être sous le contrôle de l’organisation régionale, la CARICOM, dont l’histoire n’est pas aussi riche que celle d’Haïti. La résolution de la crise haïtienne s’avère complexe, nécessitant la cessation de l’approvisionnement en armes et munitions aux gangs, le démantèlement de ces groupes criminels, des sanctions à l’encontre des familles fortunées impliquées dans le trafic d’armes, et enfin, la condamnation et l’imposition de sanctions envers les pays qui utilisent les ports et les aéroports haïtiens pour le commerce illicite d’armes.