Washington, D.C., 16 octobre 2024 – La Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH) a fermement dénoncé l’attaque contre les bureaux du Mouvement socio-culturel de travail humanitaire et environnemental (MOSCTHA) en République dominicaine, une organisation qui défend les droits des migrants. La CIDH appelle les autorités dominicaines à « garantir la sécurité des membres de ce mouvement et de ceux qui se rendent à ses locaux, afin qu’ils puissent exercer leurs activités à l’abri de toute forme d’intimidation ».
Cette condamnation intervient alors que, le 2 octobre, le Conseil national de sécurité et de défense de la République dominicaine a annoncé un plan visant à expulser plus de 10 000 migrants en situation irrégulière chaque semaine. Face à cette décision, diverses organisations de la société civile ont dénoncé de « multiples violations des droits humains », telles que des « expulsions massives, la déportation d’enfants non accompagnés, la confiscation de documents d’identité » et « la surpopulation dans les centres de détention ».
Le 8 octobre, selon la CIDH, des groupes soutenant cette politique d’expulsion ont encerclé les bureaux de MOSCTHA et ont exigé de manière violente d’être reçus par le personnel, tout en « criant des slogans stigmatisants contre les Haïtiens ». Malgré une demande de protection adressée à la Police nationale, « celle-ci ne serait pas intervenue pour protéger l’organisation », a rapporté la Commission.
Ces événements, note la CIDH, s’inscrivent dans un « contexte plus large de racisme, de xénophobie et d’hostilité envers les Haïtiens et les défenseurs des droits humains », déjà documenté par l’organisation.
De son côté, l’État dominicain a condamné « tout acte de violence contre les défenseurs des droits humains » et a reconnu « leur rôle essentiel dans la société civile ainsi que leur contribution à l’élaboration des politiques publiques ». Les autorités ont ajouté que la Police nationale était intervenue pour protéger le personnel de MOSCTHA le jour des faits.
En ce qui concerne la politique migratoire, le gouvernement dominicain a précisé qu’il cherchait à « améliorer la gestion du flux migratoire tout en respectant les principes de l’État de droit ». Il a également souligné que les expulsions se feraient « de manière individualisée, sous la supervision des autorités compétentes, et en conformité avec les normes internationales ».
La CIDH a réaffirmé « l’importance du rôle des défenseurs des droits humains dans toute société démocratique » et a souligné que « la violation des locaux des organisations de défense des droits humains constitue une atteinte à leurs actions ». La Commission a appelé l’État dominicain à garantir « la sécurité des défenseurs des droits humains » et à s’attaquer aux « causes structurelles qui compromettent leur sécurité ».
La CIDH a lancé un appel aux États de la région pour qu’ils travaillent à « l’élargissement des voies régulières pour la migration internationale », tout en abordant les causes profondes des migrations forcées, comme « les conditions économiques, sociales et sécuritaires dans les pays d’origine ».