Le BSA dénonce ”les scandales et la corruption” au sein du gouvernement de transition en Haïti…

Les membres du Conseils Presidentiels de Transition (CPT)....

PORT-AU-PRINCE, vendredi 26 juillet 2024– Dans un communiqué cinglant, le Bureau de Suivi de l’Accord de Montana (BSA)  condamne les récents scandales et accusations de corruption qui secouent le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) et le gouvernement haïtien. Selon le BSA, ‘‘depuis l’installation du CPT, ses membres, solidaires entre eux, ont trahi l’esprit de consensus, les valeurs éthiques et les engagements visant à lutter contre la corruption, l’impunité et le gaspillage des fonds publics.’’

Le BSA souligne que chaque semaine, la population est témoin de nouveaux désordres au sein du CPT ou de ses relations avec le chef du gouvernement, sans voir de mesures claires pour sortir le pays de l’insécurité, de l’impunité, de la souffrance et de la pauvreté causées par des gangs et des fonctionnaires corrompus depuis des années. Les membres du Conseil auraient orchestré un coup d’État contre l’Accord du 3 avril, cadre juridique et institutionnel de la transition, en violant cet accord et en ne le publiant pas.

‘‘En collusion avec le gouvernement démissionnaire, ils auraient mis de côté le document sur l’organisation et le fonctionnement du CPT, résultat du consensus du 3 avril, pour s’octroyer un autre mandat par décret, sans mentionner l’Accord du 3 avril dans ses préambules ni ses dispositions, plongeant ainsi le processus de transition dans l’illégitimité, l’improvisation et l’informalité,’’ déplore le BSA.

‘‘Au milieu des rumeurs de détournement de fonds du service de renseignement du Palais National et des conseillers accusés de prendre de l’argent des oligarques pour vendre des postes de Premier ministre, tous les membres du CPT ont choisi Gary Conille comme chef du gouvernement, sans respecter les mécanismes prévus par l’Accord du 3 avril, dans une opacité totale concernant les critères, et sans communication avec la population. Ils se sont entendus avec le Premier ministre pour former le cabinet ministériel sans impliquer l’ensemble de la société organisée, comme prévu dans l’Accord. Ils auraient partagé les ministères, chacun prenant sa part, tandis que les postes de direction générale sont vendus publiquement,’’ écrit le BSA dans son communiqué.

Selon le BSA, le projet politique non dévoilé du CPT tente de se cacher en prétendant mettre en place les organes prévus par l’Accord du 3 avril. Le CPT ressent que la petite confiance que la population avait en lui se transforme en indignation. Le CPT n’a pas le courage de mettre en place le Conseil National de Sécurité, mandaté pour servir d’interface avec la communauté internationale sur les questions d’assistance à la sécurité nationale. Il laisse la situation se détériorer pour empêcher des personnes sérieuses de rejoindre l’Organe de Contrôle de l’Action Gouvernementale (OCAG) qu’il craint également de mettre en place. Le Conseil a plongé le pays dans une nouvelle crise avec sa méthode de formation du Conseil Électoral Provisoire (CEP).

Dans la même démarche de coup d’État contre l’Accord du 3 avril ,poursuit le BSA, ‘‘ le CPT a publié un décret sur le Comité de Pilotage de la Conférence Nationale sans consulter les organisations de la société, basé sur des relations personnelles et politiques. La conférence nationale est une question sérieuse et fondamentale dans la lutte de la nation pour se doter d’un État à son service. Aucun parti politique, groupe, entité ou individu ne peut prétendre l’utiliser pour des intérêts personnels. Le CPT et le gouvernement ne peuvent pas pervertir ce processus majeur de consultation populaire sur la Constitution, le projet de société nationale et la relation entre l’État et la société.’’

Le BSA dénonce cette tentative de tromper le peuple haïtien sur leurs véritables objectifs, qui sont de profiter des privilèges de l’État et de permettre à l’ancien pouvoir de se renouveler. Un scandale de corruption impliquant le remplacement du Conseil d’administration de la BNC a éclaté, aggravé par une réunion secrète chez un conseiller entre le Premier ministre et certains dirigeants de secteur. Le BSA appelle toutes les forces organisées de la société à s’unir et à faire pression pour exiger la publication, l’application et le respect de l’Accord du 3 avril, ainsi que des enquêtes administratives et judiciaires rapides pour identifier, juger et sanctionner tous les corrompus du CPT, du gouvernement et de l’administration publique.

« Si des membres ne sont pas impliqués dans ces malversations, le BSA les exhorte à se manifester et à informer la population des mesures prises pour faciliter le travail des enquêteurs et de la justice. Le BSA appelle également tous les secteurs signataires de l’Accord du 3 avril à exiger le retrait de leurs délégués impliqués dans les scandales pour permettre une enquête indépendante et exhorte la société à faire pression pour des corrections démocratiques immédiates au sein du CPT et du gouvernement pour mener à bien la transition », conclut le BSA.