MIAMI, mardi 10 octobre 2023– John Joël Joseph, 52 ans, ex-sénateur haïtien a plaidé coupable mardi devant un tribunal fédéral de Miami pour son rôle dans l’assassinat du président Jovenel Moise.
Détenu à la Jamaïque puis transfère à Miami l’année dernière, l’ancien parlementaire a reconnu aux agents du FBI qu’il avait rencontré des co-conspirateurs juste avant qu’ils « se lancent dans la mission de tuer le président Moïse » dans la nuit du 6 au 7 juillet 2021.
Joseph a admis qu’il avait aidé à obtenir des véhicules et tenté d’obtenir des armes à feu pour l’opération des co-conspirateurs visant le dirigeant haïtien, lors d’une déclaration sous serment. L’objectif de Joseph était de devenir Premier ministre sous le successeur de Moïse après la destitution de ce dernier.
Dans le cadre de son accord de plaidoyer, Joseph a plaidé coupable de complot en vue de fournir un soutien matériel pour tuer le président haïtien, de fourniture de ce soutien et de complot en vue de tuer ou de kidnapper une personne en dehors des États-Unis. Il est le troisième accusé sur 11 inculpés a plaider coupable dans le cadre de cette affaire.
Les deux autres accusés qui ont déjà plaidé coupables de complot de meurtre sont : l’officier de l’armée colombienne à la retraite Germán Alejandro Rivera Garcia, alias « Colonel Mike », 45 ans,qui a admis le mois dernier avoir rencontré plusieurs co-conspirateurs d’Haïti et du sud de la Floride avant de conduire un groupe d’anciens soldats colombiens au domicile du président haïtien pour le tuer. Rivera risque la prison à vie lors de sa condamnation prochainement ce mois-ci.
Il y a aussi l’homme d’affaires haïtien Rodolphe Jaar, 51 ans, qui a admis avoir fourni des armes, un logement et de l’argent dans le cadre du complot visant à assassiner le président haïtien. Ayant la double nationalité haïtienne et chilienne, Jaar a été condamné en juin à la prison à vie mais espère obtenir une réduction de sa peine de prison en coopérant. Auparavant, il avait également été reconnu coupable de trafic de drogue aux États-Unis.
Selon un rapport d’enquête de la police haïtienne, Joseph a loué cinq véhicules pour la mission meurtrière cinq semaines avant l’exécution du complot.
Il a été rejoint par un puissant chef de gang, Vitelhomme Innocent, et un ancien chef rebelle connu sous le nom de « le Tortionnaire », Miradieu Faustin.
Joseph a également assisté à des réunions dans le sud de la Floride et en Haïti avec des suspects clés et a tenté de leur acquérir des armes et des munitions, selon une déclaration sous serment et d’autres dossiers judiciaires. ‘‘Il aurait été un interlocuteur entre les différents groupes. La nuit du meurtre, il était en communication avec plusieurs suspects principaux.’’
Lorsque Rivera, l’officier à la retraite de l’armée colombienne qui dirigeait les commandos, a plaidé coupable le mois dernier, il a signé une déclaration factuelle fournissant de nouveaux détails sur les réunions entre les co-conspirateurs en Haïti et dans le sud de la Floride qui ont conduit à l’assassinat de Moïse.
Selon la déclaration factuelle, Rivera a commencé à se réunir en personne en Haïti et par vidéoconférence dans le sud de la Floride avec les co-conspirateurs en février 2021. Lors de diverses réunions, « les conspirateurs ont discuté des méthodes proposées pour mener l’opération et de la nécessité d’acquérir des armes pour faciliter l’opération », indique le communiqué.
Les rencontres tenues dans le sud de la Floride ont réuni plusieurs co-conspirateurs accusés dans l’affaire d’assassinat, dont Arcangel Pretel Ortiz, un informateur du FBI qui travaillait pour une société de sécurité de la région de Miami. Il aurait aidé à recruter certains commandos colombiens et aurait ordonné à Rivera de suivre les instructions d’un autre co-conspirateur concernant le complot visant à assassiner le dirigeant haïtien.
Parmi les autres personnes présentes aux réunions du sud de la Floride figuraient : Antonio Intriago, chef de la société de sécurité Counter Terrorist Unit (CTU) ; Christian Emmanuel Sanon, un médecin haïtiano-américain qui aspirait à remplacer Moïse à la présidence ; Walter Veintemilla, un homme d’affaires du sud de la Floride qui a contribué au financement de l’opération ; et James Solages, un Haïtien-Américain qui a obtenu un emploi dans la société de sécurité d’Intriago.
Rivera a également assisté à des réunions opérationnelles en Haïti avec Intriago, Solages, Sanon, Jaar et Joseph, l’ex-sénateur, ainsi que Joseph Vincent, un haïtiano-américain qui a travaillé comme informateur pour la Drug Enforcement Administration (DEA), et un commando colombien, Mario Antonio Palacios. Palais.
“Rivera était présent aux réunions où l’assassinat du président Moise a été discuté”, selon la déclaration factuelle déposée avec son accord de plaidoyer. “Une de ces réunions, à laquelle ont participé Rivera, Solages, John Joël Joseph et Vincent, entre autres, a eu lieu environ deux semaines avant l’assassinat.”
Mais à ce moment-là, Sanon n’était plus considéré comme un remplaçant viable pour Moïse et une ancienne juge de la Cour suprême, Windelle Coq Thélot, est entrée en scène comme un candidat plus fort à la présidence. Coq n’a pas été inculpé dans le cadre de l’enquête américaine, mais elle fait l’objet d’un mandat d’amener en Haïti.
source: Miami Herald