Jean Ernest Muscadin accusé d’avoir exécuté sommairement 20 présumés bandits en moins de deux ans, selon un rapport du RNDDH…

Jean-Ernst Muscadin, Commissaire du gouvernement de Miragoane...

PORT-AU-PRINCE, vendredi 8 novembre 2024Dans un rapport accablant, le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) souligne les exécutions sommaires perpétrées depuis 2022 par Jean Ernest Muscadin, commissaire du gouvernement près le Tribunal de première instance de Miragoâne. En moins de deux ans, le magistrat aurait ainsi fait exécuter 20 personnes sans procès, justifiant ces actions par des accusations de liens présumés avec des gangs criminels.

Selon le rapport du RNDDH, au cours de la seule année judiciaire 2023-2024, 11 individus ont été abattus par Muscadin. L’une des affaires marquantes remonte au 26 novembre 2023, lorsque Muscadin a exécuté Alain Dormeille, qui se rendait aux funérailles de sa grand-mère. Après l’avoir abattu, Muscadin a affirmé que la victime était un houngan lié au gang des 400 Mawozo et un trafiquant d’organes. Ce meurtre a suscité une réaction de la ministre de la Justice de l’époque, Emmelie Prophète Milcé, qui a adressé une lettre de blâme au magistrat pour « avoir établi ses propres règles en dehors des normes juridiques », mais cela n’a en rien entravé la poursuite de ses actes.

Le 25 février 2024, Muscadin a abattu Kenken Michaud à Miragoâne, présenté par la suite comme membre du gang de Mariani. D’autres cas similaires se sont enchaînés, notamment le 15 juin 2024 avec l’exécution de Junior Joseph, alias Ti Junior, accusé d’être en charge d’un poste de péage illégal à Lambi 5, et le 20 juin 2024, où Wilfrid Barthelemy, alias Pa nan Grenn, a été tué sur la route nationale #2.

Le rapport du RNDDH dénonce cette série de meurtres commis sans mandat judiciaire et sans preuves formelles, soulignant que Muscadin justifie systématiquement ses actions en accusant les victimes de liens avec des réseaux criminels. « En agissant ainsi, Muscadin s’arroge le rôle de juge, jury et bourreau », indique le rapport, illustrant la gravité des violations des droits humains perpétrées sous couvert de lutte contre le crime.

Les exécutions continuent, avec le cas de Nickenson Saint-Paul, tué le 17 juillet 2024 et présenté comme membre du gang des 103 zombis. Dony Bossier, abattu le 26 juillet, a été accusé d’extorsion dans le département des Nippes, tandis que Jeff Habitant, tué le 28 août, a été identifié par Muscadin comme membre d’un gang opérant à Bel-Air. Le 23 septembre 2024, Adler Ramolien, alias Move Lè, a été abattu et accusé d’être proche du chef de gang Jean Renel Destina, et le 18 octobre, Jimmy Joseph et un autre jeune homme ont été tués aux Cayes, Muscadin affirmant qu’ils étaient des braqueurs notoires.

Dans son rapport, le RNDDH met en garde contre l’impunité qui semble entourer les actions du commissaire Muscadin, malgré les avertissements formels des autorités. Ces exécutions sommaires et les accusations non vérifiées contribuent, selon l’organisme, à aggraver la crise judiciaire en Haïti, exacerbant un climat où les droits fondamentaux des citoyens sont systématiquement bafoués.