PORT-AU-PRINCE, jeudi 21 mars 2024 – Jean-Charles Moïse a désigné le représentant de son parti “Pitit Dessalines” (Enfants de Dessalines) au sein du Conseil présidentiel de neuf membres appelé à diriger une nouvelle transition politique en Haïti. Il s’agit d’un ancien juge d’instruction au Tribunal de Première Instance du Cap-Haitien, Me Emmanuel Vertilaire.
Avec cette décision, Moïse se passe de son propre conseil présidentiel de trois membres, comprenant Guy Philippe qui vient de purger une peine de prison aux États-Unis pour blanchiment d’argent provenant du trafic de drogue, l’évêque protestante Françoise Villier et le juge Durin Duret Junior.
Pourtant, une semaine auparavant, Jean-Charles Moïse avait vilipendé ceux qui avaient été désignés par des secteurs socio-politiques, les accusant d’être au service de l’Occident qui, selon lui, a contribué à détruire le pays. Il avait fait savoir que le conseil auquel son parti vient d’intégrer était bon pour la poubelle, et que ce qui comptait pour lui était l’installation de son propre conseil, excluant la cohabitation avec les alliés d’Ariel Henry et tous ceux qui ont mis le pays à genoux.
“Je n’ai pas l’intention de participer au conseil présidentiel proposé par la CARICOM”, avait déclaré Moïse, soulignant son refus catégorique de cohabiter avec des représentants du secteur d’affaires qui, dans le cadre de ce processus, seraient juges et parties à la fois.
Il s’était alors vanté d’avoir renversé Ariel Henry, sans faire référence au rôle joué par les gangs qui ont mis le pays à feu et à sang, contraignant le chef du gouvernement de facto à rester en dehors du pays. Il avait encouragé ses partisans à descendre dans les rues pour perturber l’ordre public et à fermer les portes des institutions publiques.
Des gangs armés ont pillé et incendié ces derniers jours de nombreuses institutions publiques et privées, des entreprises, des banques et des établissements d’enseignement supérieur.
Moïse avait également affirmé que son conseil de trois membres serait bientôt installé “par tous les moyens nécessaires”, soutenu par un large éventail de 150 partis politiques et 3250 organisations. Il s’était également déclaré opposé à tout déploiement de forces étrangères en Haïti.
Surpris par son comportement, ses alliés ont pris acte de l’initiative de l’ancien candidat à la présidence qui ne les avait pas informés de sa décision.